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"Depuis Adam, il n'y a guère de méfaits en ce monde où une femme ne soit entrée pour quelque chose…" écrit William Thackheray, auteur du 19ème. Plongée au cœur de la "misogynie", littéralement la haine des femmes, qui vient du grec ancien misos/haine et de gyné, la femme.

La misogynie dans l’histoire ne date pas d’hier : déjà dans les représentations de l’Antiquité, la femme est souvent considérée comme une entité maléfique.

Toutes les créatures féminines des textes mythologiques de l’Antiquité gréco-romaine sont violentes, souvent animales. Les harpies et les furies font partie des meilleurs exemples mais on pense aussi à la mégère. Dans la mythologie grecque, les mégères sont des Érinyes, des divinités infernales et persécutrices, l’équivalent des Furies dans la mythologie romaine.

Quand les femmes ne sont pas persécutrices, elles sont curieuses, c’est leur gros défaut. Le meilleur exemple est la mythologie de Pandore, cette femme qui ouvre la boîte des secrets de l’humanité, devenant la source de tous les malheurs. Une histoire reprise plus tard par la religion chrétienne sous la forme d’Eve, cueillant la pomme dans le Jardin…

Dans la mythologie antique, les déesses sont jalouses et inquiétantes, les amazones sont des meurtrières… Un auteur grec du 3e siècle, Poseidippos de Pella, rappelle une formule en vogue dans la Grèce Antique : « Un fils, on l'élève toujours, même si l'on est pauvre ; une fille, on l'expose, même si on est riche ». Exposer veut ici dire abandonner, on ne veut pas de fille.

Dans les textes scientifiques, la femme n’est pas mieux traitée. Chez Hippocrate, Aristote, Gallien, la femme est débile, la femme est fragile. Le discours misogyne est donc organisé dès l’Antiquité et traverse les âges. Dans la foulée de l’Antiquité, les théologiens et les philosophes reprennent le concept avec Eve pécheresse, insistent sur sa lubricité et le fait qu’elle est dangereuse. En gros, la femme, c’est le symbole de la défectuosité.

La misogynie dans la littérature

Des livres sur le sujet n’ont pas tardé à être publiés. Nous en avons un exemple avec un petit livre appelé « L’enfer de Cupidon » et publié en 1655. En 1787, on trouve la trace d’un livre « Misogynie, ou les femmes comme elles sont ». Voltaire lui-même s’était indigné qu’il y ait un article sur les femmes dans l’Encyclopédie : il trouvait que ça n’avait rien à faire dans un livre aussi sérieux. Peut-être n’avait-il pas encore rencontré Mme Emilie du Châtelet, mathématicienne et femme de sciences qui a sans doute dû changer ses vues…

Dans son Dictionnaire de la Malfaisance, Martin Monestier s’est amusé à relever quelques perles de la misogynie à travers les âges. Parmi les exemples les plus frappants :

" Il y a trois sortes de femmes : les emmerdeuses, les emmerdantes et les emmerderesses. "

Paul Valéry

" Il y a deux ans que je n’ai pas parlé à ma femme, c’est pour ne pas l’interrompre. "

Jules Renard

" La femme ne voit jamais ce que l'on fait pour elle ; elle ne voit que ce qu'on ne fait pas. "

 Georges Courteline

" La femme est une surface qui mime la profondeur. "

 Friedrich Nietzsche

" J'ai souvent envie de demander aux femmes par quoi elles remplacent l'intelligence. "

 Alain

Proudhon, misogyne méconnu

L’un des plus grands auteurs misogynes fut Sacha Guitry, dont on ne compte plus les attaques littéraires à l’encontre du sexe féminin. Mais le grand théoricien français de la misogynie est Pierre-Joseph Proudon. De lui, on retient surtout qu’il s’est passionné pour la question ouvrière et la misère mais sa bête noire était la tentative d’émancipation des femmes. Dans ses réflexions, il a opéré une typologie des femmes et celle qu’il a particulièrement en horreur, c’est la « virago », la femme émancipée qui imite les manières masculines et dont George Sand est un détestable exemple. Pour Proudhon, une femme émancipée est une poule qui chante le coq, il faut s’en méfier comme de la peste car les conséquences de son émancipation sont graves et incalculables.

Les femmes sont aussi rabaissées dans le domaine des sciences et particulièrement de la météorologie. Pendant très longtemps, les tempêtes, les ouragans, les tornades ou les cyclones étaient affublés de noms de femmes. Il fallut attendre les années 70 et les récriminations des féministes pour que l’on commence à donner des prénoms masculins à ces phénomènes climatiques. Certaines études ont depuis montré qu'affubler une tempête d'un nom de femme pouvait augmenter le nombre de victimes... car elle était moins prise au sérieux !

Grâce à l’action des féministes, le terme de misogynie désigne aujourd'hui une survivance ridicule, voire une pensée arriérée. Qui n’est parfois pas si rare…

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