Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, les propos de J.D. Vance sur l'Europe, Robert Ménard devant la justice pour avoir refusé de marier une personne en situation irrégulière et Trump secoue la politique française.
Et si JD Vance avait raison ?
Question hautement politiquement incorrecte puisque depuis vendredi une certaine presse tourne en boucle pour dénoncer les propos du vice-président américain et l’affront fait aux Européens.
Et d’ailleurs le philosophe Gaspard Koenig qui signe une tribune hebdomadaire dans les Echos a failli se laisser prendre lui aussi par ce rouleau compresseur médiatique.
« Mais par acquis de conscience écrit-il, j’ai tout de même lu dans son intégralité son discours, et j’ai dû admettre que bien dissimulé parmi les provocations, le message principal touche juste ».
« Que reproche JD Vance à l’Europe : un dédain du « petit » peuple qu’elle empêche de s’exprimer via des restrictions excessives à la liberté d’expression puis lors des échéances électorales en ignorant sa voix. »
« Le vice-président américain dénonce le contournement de la volonté populaire par des élites convaincues de faire le bien des citoyens malgré eux en mettant en place des stratégies de barrage médiatique et politique ».
« Croire dans la démocratie, conclu JD Vance, c’est comprendre que chaque citoyen détient une part de vérité et une voix pour l’exprimer ». Il n’en faut pas plus à de beaux esprits pour dénoncer un odieux populisme.
Diagnostic partagé
Mais en fait ce discours n’est pas nouveau. JD Vance ne fait que reprendre à son compte un diagnostic fait depuis des années par nombre d’intellectuel de part et d’autre de l’Atlantique rappelle aussi Alexandre Devecchio dans le Figaro. Ce diagnostic, c’est celui d’une profonde crise démocratique entrainée par une fracture entre les élites et les citoyens.
En France, par exemple, Marcel Gauchet dans un ouvrage paru en octobre dernier décrit l’impasse à laquelle a conduit la sacralisation de « l’Etat de droit » au détriment de la souveraineté populaire... De livre en livre, le géographe Christophe Guilluy met aussi en lumière la dépossession économique, culturelle, mais aussi démocratique des classes moyennes et populaires au profit d’une élite coupée de la réalité des gens ordinaires.
L’affaire Ménard
Pour trouver un exemple concret de ce phénomène, inutile d’aller bien loin. Il est à la une du Figaro.
Le quotidien consacre sa une à l’affaire Robert Ménard. Le maire de Bézier comparait aujourd’hui devant la justice parce qu’il a refusé de marier un Algérien clandestin, sous OQTF, et connu défavorablement comme l’on dit par la justice.
Bref « de marier quelqu’un qui n’avait pas le droit d’être dans la salle de mariage » résume Laurence de Charrette dans son éditorial.
On demanderait leur avis aux français sur cette affaire, on a peu de doute sur leur réponse qu’il donnerait. Mais le Conseil Constitutionnel et la Cour Européenne des droits de l’Homme ont, imposé une interprétation extensive du droit au mariage, et en même temps des autres droits auxquels ouvrent les épousailles titre de séjour, rapprochement familial et tutti quanti..
« Cette évolution de la jurisprudence et donc du droit qui s’impose est dessiné non plus par les peuples mais par les juges rappelle-t-elle... Des « sages », sans mandat électif mais non sans idéologie ».
Quels effets sur la prochaine présidentielle ?
Mais les choses sont peut-être en train de changer ? Parce que Trump secoue aussi la politique française. C’est le constat de l’Opinion en gros titre. Le quotidien n’est pas suspect de sympathie avec la nouvelle administration américaine et pourtant... « Chaque jour, reconnait-il, l’Europe se réveille et découvre les décisions prises d’un trait de plume de l’autre côté de l’Atlantique. Elles nous renvoient à notre impuissance publique ; à nos conciliabules et nos tables rondes. Forcément les gens se disent que ce type fait ce qu’il dit et cela nourrit le populisme chez nous regrette un proche de François Bayrou. Mais du côté du rassemblement National on se frotte les mains explique le journal ».
« Pour Jordan Bardella, le Sacre de Donald Trump augure du retour de la politique et ce alors que plus de la moitié des Français estiment que les gouvernements ne peuvent plus faire grand-chose aujourd’hui ».
« La tornade trump décomplexe le parti à la flamme. La radicalité du président américain synthétise cet air du temps au point que le RN l’importe dans le débat français. ET une question taraude les partis de gouvernements... Quel effet aura ce tourbillon américain sur la prochaine présidentielle ? »
SOS fantômes
On parlait du retour du Politique mais on va terminer avec ceux qui la quitte. C’est un papier assez singulier que signe Willy Bordas dans le Figaro. Papier sur les fantômes de l’Assemblée.
Des élus qui ont décidé de déserter l’Hémicycle. 76% des députés n’ont participé qu’a moins de 10% des votes depuis leur élection en juillet dernier. Alors parmi eux il y a certains poids lourds comme Hollande Wauquiez et le Pen, mais on peut considérer qu’ils occupent beaucoup le champ politique par ailleurs. Et puis il y a les vrais fantômes.
Vous connaissez Alain David ? Même au groupe socialiste auquel il appartient on ne le connaît pas. « Je ne lui ai même jamais adressé la parole reconnait un de ses collègues parlementaire»