Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Vendredi, Virginie Phulpin s'intéresse au premier Paris-Roubaix féminin de l’histoire.
C’est l’édito sport de Virginie Phulpin. Les femmes à l’assaut de Paris Roubaix. Avant la course masculine dimanche, ce sont les cyclistes féminines qui vont affronter l’Enfer du Nord pour la première fois. La course mythique s’ouvre enfin à elles. Pour vous, c’est une nouvelle conquête, mais il y a encore des barrières mentales à faire tomber.
"Franchement, une fille, ça n’a rien à faire sur un vélo, à part pour aller faire les courses. Ah si tiens, celle-là, elle est mignonne, j’aimerais bien qu’elle gagne. Attends, de toute façon, elles font moitié moins de kilomètres que les hommes, ça va, c’est pas trop dur." Voilà un petit florilège de ce que peuvent entendre les femmes cyclistes aujourd’hui encore, en 2021. Ca vous paraît caricatural ? Oui, moi aussi, je vous rassure, et pourtant, rien n’est inventé, j’ai posé la question notamment à Audrey Cordon-Ragot, qui sera une des Françaises au départ de Paris Roubaix demain. Ca fait plus de 10 ans qu’elle a commencé sa carrière. Plus de 10 ans qu’elle bat le pavé autant qu’elle rabat le caquet des machistes aux préjugés plus sûrs que les jugements. Alors demain, quand elle va prendre le départ de Paris Roubaix, elle aura un peu d’appréhension bien sûr. On n’affronte pas l’Enfer du Nord la fleur au bout du guidon. De l’appréhension mais beaucoup d’excitation aussi. Elle et les autres ont bien conscience qu’elles roulent pour l’histoire. Elle pense déjà au fait qu’elle pourra raconter à ses petits-enfants qu’elle faisait partie de la centaine de femmes au départ du premier Paris Roubaix féminin. C’est tout ça, cette course mythique qui se féminise. Un mur qui tombe sous nos yeux.
Le cyclisme au féminin a déjà beaucoup évolué ces dernières années
Oui, c’est un sport qui s’est professionnalisé, il y a maintenant un salaire minimum, l’union cycliste internationale a beaucoup oeuvré pour la promotion du cyclisme au féminin, comme ASO l’organisateur de Paris Roubaix et du Tour de France. Aujourd’hui, ces femmes peuvent vivre de leur sport. Ce qui change absolument tout. Quand vous n’avez plus l’obligation d’avoir un travail à côté, vous progressez plus sur le vélo, ça va sans dire. Libérées mentalement, et plus affûtées physiquement. Alors il y a encore des choses à conquérir. Plus de médiatisation, moins de comparaisons vaseuses avec les hommes, une évolution des prix des courses… Mais Paris Roubaix ouvre tant de perspectives radieuses… Quand je dis perspectives radieuses, je ne parle pas de la météo. J’ai demandé à Anissa Haddadi, et quand j’ai vu sa moue pour me répondre, j’ai compris. Il va pleuvoir demain après-midi au carrefour de l’Arbre. Des pavés glissants pour une première à l’automne après 3 reports pour cause de Covid. Rien n’est jamais facile pour les sportives, on peut dire qu’elles auront mérité leur conquête !