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Marc Messier brosse ce dimanche le portrait de Michel Aupetit, le docteur qui a été nommé archevêque de Paris.

Un stéthoscope sur une Cathèdre. La synthèse inattendue de la Foi et de la Raison. L’esprit scientifique d’un médecin, devenu un homme de Dieu. Guérir les âmes après avoir soigné les corps. Le parcours singulier et édifiant de Michel Aupetit, le docteur devenu Monseigneur. L’histoire d’un fils de cheminot, qui rêvait, enfant, de devenir médecin de campagne "parce qu’il ne supportait pas de voir souffrir ceux qu’il aimait". La compassion déjà. La croyance aussi de pouvoir sauver la vie des hommes. Une enfance loin de l’Eglise, sans aube et sans uniforme. Une enfance entre Versailles, Chaville, et Viroflay. La Région Parisienne et l’école publique sans cathé et sans curé. Seul lien avec Dieu, sa maman, qui allait à la messe tous les dimanches. La seule de la famille.

Une mère croyante qui apprit à ses 3 fils à faire leur prière. Un Notre Père que l’on vouvoyait à la fin des années 50, et qui soumettait encore l’homme à la tentation. Un signe de croix pour la repousser. Les paupières closes. Une étrange émotion, qui plait bien au petit Aupetit. Quelque chose d'ineffable. Une sensation infiniment douce. D'aucun parleraient du Mystère de la naissance de la Foi. Un drôle de sentiment, qui ne remet toutefois, pas en question, à ce moment-là, le projet du jeune Michel de devenir un jour Médecin. La Fac, Bichat, Necker. Des années à potasser l'anatomie, la microbiologie, les pathologies. De temps en temps, il sort de la tête de l'eau, en la plongeant dans un essai de théologie. Une curieuse respiration. Une retraite spirituelle entre deux stages d'externat. Sa curiosité grandit, sa Foi se fortifie. En 1979, Michel Aupetit s'installe comme généraliste à Colombes. Il pense à se marier et ouvre un cabinet avec des amis. Des associés qu'il prévient dès le départ. Dieu me trotte dans la tête, je refais le point dans 10 ans. Le RDV est pris.

En 1990, S.Hussein envahit le Koweit, Gorbatchev reçoit le Nobel de la Paix, Johnny fait un malheur à Bercy,  le Docteur Aupetit entre au Séminaire. Une évidence. La vocation comme on dit. Une vocation tardive. Il a 39 ans. Il se remet à bosser comme un possédé. Cette fois, il buche l'Evangile, la Liturgie, la Morale, le Droit Canonique. Il sera ordonné prêtre par Monseigneur Lustiger, 5 ans plus tard. En 1995, Le Docteur Aupetit devient le Père Aupetit. Un prêtre brillant et pragmatique, qui gravit rapidement la hiérarchie catholique. Devenu le spécialiste de la Bioéthique au sein de l'épiscopat, il sera nommé évêque auxiliaire de Paris par Benoit XVI, puis évêque de Nanterre par le Pape François.

Une Forte personnalité, une autorité naturelle, un homme de Dieu qui n'a pas la langue dans sa soutane. Il a de l'humour, il est bienveillant, mais il dit les choses, cash, quitte à déplaire, confie l'un de ses proches. Un homme de conviction qui adore Brassens mais qui ne badine pas avec certaines valeurs de l'Eglise. Des idées bien arrêtées sur la PMA, la GPA : C'est lui qui déclarait il y a pas si longtemps que "l’enfant ne devait pas devenir un simple produit manufacturé : sous prétexte qu’il est objet de désir, il est mis à la disposition des adultes, comme l’on ferait pour une voiture ou un smartphone à la mode !". 

Le message est clair. A 66 ans, Mgr Aupetit s'installera donc le mois prochain sur la Cathèdre de Notre Dame de Paris, le Trône de l'Evêque, pour officier à la tête du plus grand et du plus politique diocèse de France. Une véritable entreprise qui compte 1.200 prêtres, 106 paroisses et plus de 100.000 fidèles. La Crosse et la Bannière. Une fonction hautement sensible et diablement compliquée, à une époque où l’homme a un peu tendance à se prendre pour Dieu, ou  le miracle passe par la seringue, ou le Merveilleux se programme par ordinateur, ou la Religion semble de plus en plus dépassée par la science-fiction.