Comment donner une vraie place à nos "vieux" ?

Et si nous prenions le temps d'écouter le monde changer ? Chaque vendredi, dans "Les Éclaireurs", le nouveau podcast Europe 1 Studio, Matthieu Belliard donne la parole à des femmes et des hommes qui ont un regard neuf et éclairé sur les bouleversements du monde qui nous entoure.

Pour le deuxième épisode, le journaliste et présentateur de la matinale d'Europe 1 reçoit l'ancienne journaliste Julia Mourri, co-autrice de "Oldyssey, un tour du monde de la vieillesse". A quel âge est-on vieux aujourd’hui ? Quels sont les stéréotypes sur la vieillesse ? Et comment redonner une vraie place, un vrai rôle à nos anciens ? Dans cet épisode, il sera question de représentation culturelle de la vieillesse, de "ghettos pour vieux" mais aussi de conflits entre générations. 

Trois idées à retenir pour prendre le temps d’écouter le monde changer 

Réhabilitons le mot "vieux" ! (à écouter à partir de 1’52). Pour Julia Mourri, les mots comptent. "'Senior’ est un peu connoté 'silver economy’ alors qu’on peut être senior en entreprise à partir de 45 ans. ‘Ancien’, ‘aîné’, est empreint de respect mais met la personne à distance. ‘Vieux’ est juste un adjectif comme ‘jeune’. Mais ‘jeune’, c’est empreint de positif, de dynamisme et ‘vieux’, c’est plein d’idées négatives. On a voulu déconstruire toutes les idées reçues autour du mot vieux".

Ces ghettos pour vieux qui ne sont pas des solutions (à écouter à partir de 11’47). "Après avoir vu plein de lieux de vie pour personnes âgées, je pense que la clé est vraiment l’ouverture vers l’extérieur pour mêler les générations dans un même lieu. Il n’y a rien de moins naturel que de vivre avec des gens qui ont exactement le même âge que soi. Par exemple, on a rencontré des lieux de vie pour des personnes avec la maladie d’Alzheimer où il y a un chemin sur lequel les enfants passent le matin en allant à l’école et un super restaurant à l’intérieur. C’est ça le plus important : ouvrir ces lieux-là pour que toutes les générations aient envie d’y aller", résume Julia Mourri.

Attention au risque de conflit entre les générations (à écouter à partir de 15’35). Protéger la planète, se mobiliser contre le changement climatique, ce n’est pas qu’une affaire de jeunes, insiste Julia Mourri. "Dans les grands enjeux de demain, le principal étant le changement climatique, je trouve que les jeunes qui se bougent pointent beaucoup les plus vieux au lieu de les inclure dans ce combat. Quand les plus âgés sont convaincus que c’est ce qu’il y a de meilleur pour leurs petits-enfants, ils peuvent décupler ce combat. Quand on dit ‘OK boomer’, ça revient à dire ‘tu n’as rien compris, fin de la discussion’. C’est la meilleure façon pour que les vieux n’aient pas envie de s’intéresser à cet enjeu-là et que les choses n’avancent pas".