Affaire Bettencourt : l’ouverture d’un procès hors norme

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Chloé Pilorget-Rezzouk avec AFP , modifié à
Le volet de l’affaire Bettencourt qui porte sur l’abus de faiblesse s’ouvre lundi matin, à Bordeaux. Dix personnes seront jugées pendant ces cinq semaines de procès. 

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L’info. C’est une affaire qui défraie la chronique depuis plus de sept ans. A partir de lundi, dix prévenus soupçonnés d’avoir profité de la vulnérabilité de Liliane Bettencourt seront jugés par le tribunal correctionnel de Bordeaux. L'occasion de faire le point sur le procès duquel la grande absente sera Liliane Bettencourt. 

• A quand remonte "l’affaire Bettencourt" ? C’est la plainte de la fille de la milliardaire, Françoise Bettencourt-Meyers, déposée en décembre 2007 à l’encontre de François-Marie Banier, qui marque le point de départ de cette affaire qui a souvent frôlé le scandale d’Etat.

• Qui est jugé ? Dix personnes vont comparaître devant le tribunal correctionnel de Bordeaux. Toutes sont soupçonnées d’avoir, à des degrés divers, exercé une emprise sur la vieille dame et profité de sa vulnérabilité, entre 2007 et 2011. Parmi elles, François-Marie Banier, photographe mondain et ami intime de Liliane Bettencourt, ainsi que son compagnon Martin d’Orgeval. Figurent aussi sur le banc des prévenus, Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune de la milliardaire, le député UMP et ancien ministre Eric Woerth, et Pascal Wilhelm, successeur de Patrice de Maistre, ancien homme de confiance de la 11e fortune mondiale.

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• Quels sont les chefs d’accusation ? Les prévenus comparaissent pour des faits présumés d'"abus de faiblesse", d’"abus de confiance" commis aux dépens de Liliane Bettencourt, aujourd’hui âgée de 92 ans, ainsi que de "blanchiment" et de "recel".  

• Combien de temps va durer le procès ? Ce volet pour "abus de faiblesse" va se tenir pendant cinq semaines. C’est le premier d’une affaire qui en comprend trois autres pour "trafic d’influence", "atteinte à l’intimité de la vie privée" et "violation du secret professionnel". Celui pour "trafic d’influence" concerne uniquement Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de l’héritière de l’Oréal. Il sera jugé du 23 au 25 mars par le tribunal correctionnel de Bordeaux.

En revanche, six personnes seront renvoyées devant la justice pour le dossier ayant trait à "l’atteinte à l’intimité de la vie privée" : l'ex-majordome de Liliane Bettencourt, Pascal Bonnefoy, auteur des enregistrements clandestins qui ont précipité l'affaire. Mais aussi cinq journalistes du Point et de Médiapart : Franz-Olivier Giesbert, directeur du Point, Hervé Gattegno, rédacteur en chef de l’hebdomadaire, Edwy Plenel, directeur de Médiapart, Fabrice Arfi, journaliste au pure-player, et Fabrice Lhomme, ancien journaliste à Médiapart. Leur date de comparution n’a pas encore été déterminée.  

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Le volet "violation du secret professionnel" concerne quant à lui l'annonce dans Le Monde, le 1er septembre 2010, d'une perquisition menée chez Liliane Bettencourt le jour-même. La juge d'instruction de Nanterre, Isabelle Prévost-Desprez, qui avait mené cette perquisition, est suspectée d'avoir avisé des journalistes du quotidien. Elle sera jugée, à ce titre, pour "violation du secret professionnel" les 8 et 9 juin prochains. 

Enfin, ultime rebondissement dans cette affaire tentaculaire, l’ancienne comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, a été mise en examen pour "faux témoignage" et "attestation mensongère". Une enquête distincte a été ouverte à Paris suite aux plaintes, en juillet de 2012, de François-Marie Banier et Patrice de Maistre. C'est l'un des éléments qui laisse entendre que les deux premières journées du procès devraient donner lieu à un "feu d'artifice procédural",a glissé une source judiciaire. En effet, lors d'une réunion préparatoire autour du juge Denis Roucou, en décembre, plusieurs avocats de la défense avaient exprimé leur intention de demander un renvoi du procès, en invoquant la mise en examen pour faux témoignage de la principale témoin à charge dans ce volet "abus de faiblesse".  

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• Pourquoi le procès a-t-il été dépaysé à Bordeaux ? C’est à la suite d’une décision de la Cour de cassation, le 17 novembre 2010, que le dossier de l’affaire a été transféré de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine, à Bordeaux, en Gironde, suite à des dissensions entre les magistrats chargés de l’instruction, Isabelle Prévost-Desprez et Philippe Courroye, le procureur de Nanterre. Ce dernier, présenté comme un ami de Nicolas Sarkozy par l'ancien président lui-même, avait été déchargé du dossier à la suite de l'affaire des fadettes. A l’époque, le représentant du ministère public avait considéré que le tribunal correctionnel de Nanterre où étaient traités les principaux volets du dossier, ne paraissait plus pouvoir garantir l'image d'une justice "indépendante" et "sereine". 

• Qui sont les magistrats clefs du procès ? Denis Roucou, présidera le tribunal correctionnel de Bordeaux durant ce procès ultra-médiatique. Cet homme de 55 ans, à la réputation de fermeté, est depuis septembre vice-président du Tribunal de grande instance de Bordeaux. En juin 2012, lors de son procès sans doute le plus médiatisé à ce jour, Denis Roucou avait présidé, à la cour d'assises du Mans, le procès des parents de la petite Marina, morte à huit ans en 2009 dans la Sarthe, après des années de coups et de tortures.

Le parquet sera quant à lui représenté par le discret Gérard Aldigé, 61 ans, qui se décrit lui-même comme un homme "réservé". Ce magistrat suit le dossier depuis que l'instruction se déroule à Bordeaux. Il avait déjà rédigé des réquisitions dans ce dossier, en juin 2013. Gérard Aldigé avait alors préconisé un non-lieu pour Nicolas Sarkozy - que l'ex-président a finalement obtenu - mais aussi pour Eric Woerth, Stéphane Courbit et Pascal Wilhelm qui, eux, seront bien présents sur le banc des prévenus face au procureur.

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