Le parquet de Paris demande l'abandon des poursuites contre les témoins clés de l'affaire Bettencourt et contre la fille de la milliardaire, accusée par François-Marie Banier d'avoir fait pression pour obtenir de faux témoignages contre lui, a-t-on appris lundi de source judiciaire.
Enquête close à la mi-avril. Le parquet a pris ses réquisitions de non-lieu le 10 août, a indiqué cette source, confirmant une information du Parisien. L'enquête, sur ce volet secondaire de l'affaire d'abus de faiblesse envers l'héritière L'Oréal, a été close à la mi-avril par le juge Roger Le Loire, qui a mis en examen six personnes dans ce dossier, dont la fille de Liliane Bettencourt. Françoise Bettencourt Meyers, mise en examen en juillet 2016 à Paris pour subornation de témoins, est notamment soupçonnée d'avoir accordé un prêt de 300.000 euros à l'ex-comptable de sa mère, Claire Thibout, afin d'influer sur ce témoin clé de l'accusation.
L'ex-comptable est poursuivie pour faux témoignage, aux côtés de trois autres anciennes employées et d'une amie de Liliane Bettencourt, dans cette procédure déclenchée à l'été 2015 par la contre-attaque judiciaire du photographe François-Marie Banier. Toutes avaient décrit l'emprise de l'artiste sur leur patronne, à travers des récits qui se sont avérés décisifs dans sa condamnation en appel à Bordeaux en 2016 à quatre ans de prison avec sursis et 375.000 euros d'amende. François-Marie Banier s'est pourvu en cassation.
Un versement et un prêt en question. Le juge s'interroge notamment sur l'argent versé par Françoise Bettencourt Meyers à Claire Thibout : un don de 400.000 euros fin 2008 - justifié par la comptable comme une forme d'indemnité pour son licenciement - et un prêt avec intérêt de 300.000 euros fin 2012. "Cette femme était en pleine détresse, j'ai souhaité simplement lui sortir la tête de l'eau", s'était justifiée Françoise Bettencourt Meyers lors de son audition. L'enquête pointe encore des versements en liquide aux témoins et des soupçons de "stratégie commune", alors que Françoise Bettencourt Meyers avait fait coucher par écrit leurs récits chez le même avocat en décembre 2007, juste après son dépôt de plainte contre François-Marie Banier qui lança l'affaire.
Il revient désormais au successeur du juge Roger Le Loire, entre-temps nommé à l'instruction au tribunal de Nanterre, de décider ou non du renvoi des protagonistes devant le tribunal. Trois d'entre eux ont déposé des recours contre leur mise en examen, qui doivent être examinés le 9 novembre par la chambre de l'instruction.