Berenyss. Estelle. Deux fillettes disparues à 12 ans d'intervalles pour deux destinées distinctes. Berenyss, 7 ans a été enlevée jeudi dernier à Sancy, en Meurthe-et-Moselle, et retrouvée saine et sauve le soir même. Confondu par son ADN, son ravisseur et agresseur présumé a été arrêté mardi, soit cinq jours après les faits, à son domicile de Montzéville, dans la Meuse. Un homme, déjà inquiété pour des faits d'agression sexuelle, qui circulait dans une fourgonnette blanche.
Or, un véhicule similaire avait été aperçu dans les environs de la disparition d'Estelle Mouzin, en janvier 2003, à Guermantes, en Seine-et-Marne. La fillette, alors âgée de 9 ans, n'a jamais été retrouvée. L'enquête sur sa disparition piétine. Le même homme pourrait-il être impliqué dans les deux affaires ? Les avocats de la famille Mouzin se raccrochent à ce mince espoir et demandent à la justice d'effectuer des vérifications sur d'éventuels liens entre les deux dossiers.
A chaque nouvelle affaire, de nouvelles vérifications. L'interpellation mardi du ravisseur présumé de Berenyss ouvre donc une nouvelle voie dans l'enquête sur la disparition d'Estelle Mouzin. Les avocats de la famille vont saisir le juge d'instruction du tribunal de Meaux, en Seine-et-Marne, afin que ce dernier demande des vérifications et des comparaisons entre les deux affaires.
"Ces vérifications tiennent du b.a.-ba de l'enquête dans un dossier de disparition non résolue. Dès lors que l'on est confronté à une affaire de kidnapping réalisé, cela doit donner lieu à des vérifications. Dans le dossier Estelle Mouzin comme pour d'autres disparitions d'enfants", explique à Europe 1 Me Corinne Herrmann, l'avocate, avec Me Didier Seban, du père d'Estelle. "Nous aurions fait la même requête si cet enlèvement s'était produit à Bordeaux et si le suspect n'avait pas eu de voiture blanche", précise-t-elle.
Le suspect arrêté mardi dans le dossier Berenyss vivait depuis toujours à Montzéville, à 2 heures de route, par l'autoroute de l'Est, de Guermantes, où a disparu Estelle en 2003. Les deux fillettes ont la même tranche d'âge (7 et 9 ans) et ont été enlevées près de chez elles "Il va falloir vérifier le parcours de la personne et effectuer des prélèvements afin d'identifier ou non une trace d'Estelle. Ce type d'individu est très mobile", poursuit l'avocate.
Un acharnement qui paye. Pour Me Corinne Herrmann "le dossier le plus évident" permettant de justifier de tels recoupements est celui de Michel Fourniret. L'arrestation de "l'Ogre des Ardennes" en Belgique, en 2003, à la suite d'un enlèvement avorté avait donné lieu à un an de réexamen de dossiers avant que des écoutes ne permettent de mettre au jour le parcours criminel du tueur en série. L'implication de ce dernier dans la disparition d'Estelle Mouzin reste une piste envisagée par les enquêteurs.
Les deux avocats n'en sont pas à leur coup d'essai en la matière. En septembre dernier, des expertises ADN effectuées à leur demande sur les vêtements de Christelle Bletry, une des "disparues de l'A6" avaient mené à l'interpellation d'un suspect, 18 ans après les faits. Cet homme de 56 ans avait finalement avoué le meurtre de la jeune femme de 20 ans, survenu en 1996 à Blanzy, en Saône-et-Loire.
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