Frédéric a pris son envol en septembre dernier. Mais le jeune homme de 18 ans n'a pas simplement quitté le domicile familial de Saint-Roch, à Nice. Comme sept ou huit autres jeunes de son quartier, il est parti combattre en Syrie. Au total, 700 Français ont été enrôlés par des groupes de djihadistes et envoyés sur le front où la mort les attend. Depuis cinq mois, Michèle, la mère de Frédéric essaye de garder contact avec son fils. Cette maman raconte sur Europe 1 le cauchemar qu’elle vit.
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"Je n'ai rien vu". D'abord, ce qui surprend, c'est la discrétion avec laquelle Frédéric s'est radicalisé. Sa mère assure en effet n'avoir vu aucun signe avant-coureur. "Je n'ai rien vu, sa chambre était comme d'habitude, je ne l'ai jamais vu prier, je ne l'ai jamais vu avec de la barbe. Je l'ai aperçu sur Skype, il avait toujours la même tête. Il n'avait pas de chapeau, aucun signe", assure Michèle.
"Ne m'appelle pas Frédéric". Mais après son départ du domicile, Michèle a compris. Son fils refusait en effet de se faire appeler par son prénom. "Je lui ai dit : 'Frédéric ?'. Il ma répondu : 'ne m'appelle pas Frédéric'. J'ai rétorqué : 'c'est ton nom de baptême, tu t'appelles Frédéric. Comment veux-tu que je t'appelle ?' Je savais qu'on l'appelait Abou Issa", confie la mère de famille.
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"Il travaille au maniement des armes". Cette dernière a alors cherché à savoir où se trouvait son fils. Frédéric a tout de suite reconnu qu'il était parti pour la Syrie. "Je lui ai demandé où est-ce qu'il se trouvait. Il m'a répondu qu'il se trouvait en Syrie. Et quand je lui demande ce qu'il fait, il me répond qu'il travaille. Mais bon, il travaille au maniement des armes, peut être", s'inquiète Michèle.
Parti, après avoir vu des vidéos sur Internet. Selon son récit, Frédéric a été sensibilisé à la cause syrienne en regardant des vidéos des exactions du président Bachar Al Assad. "Il explique qu'il est parti après avoir vu des vidéos montrant des femmes et des enfants qui souffraient. Je lui ai dit : 'et nous, on ne souffre pas ici ?' Mais il ne répond pas", déplore la mère du jeune homme.
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"C'est horrible cette situation". Ce dernier tente pour autant de rassurer sa mère comme il le peut. "Il est tout le temps en train de me dire : "je t'aime, désolé maman, pardonne-moi'", raconte-t-elle. Mais pour Michèle cette situation est insoutenable. Elle lui a donc proposé une solution. "Je lui ai demandé d'aller à la frontière de la Syrie pour essayer d'aller le rechercher. Il ne m'a pas dit non, seulement 'on verra'. On espère toujours, quand c'est vos enfants, vous savez. Tant qu'il est en vie, tant que je l'entends, il est en vie. Après, c'est horrible cette situation", conclut-elle.
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