"Ils dénoncent" : le combat d’une femme

© FRANCOISE BUISSON
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Françoise Buisson rend hommage, en comptabilisant leurs décès sur son blog, aux femmes battues.

En moyenne, une femme meurt sous les coups de son compagnon tous les deux jours et demi en France. Une moyenne, des victimes anonymes : Françoise Buisson a voulu aller plus loin. Depuis presque un an, cette féministe tient, sur son blog à la page d’accueil toute rose, une "comptabilité" des décès de femmes battues qui peut paraître morbide mais qu’elle défend, interrogée par Europe1.fr, comme un geste militant.

Un nom, un prénom, une femme

Ce ne sont d’ailleurs pas des "faits divers" que Françoise Buisson collecte dans la presse quotidienne. Cette ancienne contrôleuse de gestion à la retraite préfère parler de "faits de société, à prendre en compte de façon un peu plus sérieuse que la rubrique des chiens écrasés".

C’est au sein de l’association Chiennes de garde que l’idée de cette comptabilité est née. Au départ, il s’agissait de pallier l’absence de statistiques officielles, puis de les vérifier.

Désormais, Françoise Buisson défend un travail plus personnel : elle prend soin de toujours donner le prénom de la victime et de suivre des affaires sur plusieurs mois si c’est nécessaire. Elle n’hésite pas en plus à faire des commentaires plus personnels, comme ce "une de plus" rageur lancé début mars. "Ma seule limite, c’est d’essayer de ne pas dire des choses blessantes pour la famille", explique-t-elle.

Ses sources : la presse quotidienne régionale, qu’elle "balaie", et des associations locales de défense des femmes, qui la tiennent informer de tous les dossiers en cours.

"Ça me pèse" parfois

Pour Françoise Buisson, tenir un tel blog est devenu un travail au quotidien. Mais elle s’accorde aussi des pauses, pour souffler quand elle a "ingurgité une quantité d’horreurs" trop importante. En janvier, après les fêtes, elle a comptabilisé presque un cas par jour. "Ça me pèse à certains moments, oui", reconnaît Françoise Buisson.

Qu’est-ce qui la retient alors d’arrêter ce blog ? Les commentaires qu’elle reçoit, "presque toujours des femmes qui ont connu la victime". En décembre, après avoir rapporté le cas d’une femme grièvement brûlée par son compagnon, Françoise Buisson a pu lire dans un message : "c’était ma mère et elle est décédée".

A découvrir aussi dans la famille "Ils dénoncent" :le site deni-justice.net qui recensent une série d’affaires, vidéo à l’appui, et propose de remplir le "formulaire de doléances contre les avocats indélicats".