Le principal suspect dans l'affaire du viol et du meurtre d'Élodie Kulik dans la Somme en 2002, Willy Bardon, a été renvoyé jeudi devant la cour d'assises de la Somme pour enlèvement suivi de mort, a appris l'AFP auprès du parquet. La décision du juge d'instruction, après la clôture de l'enquête en février 2016 à l'issue de 14 ans d'investigations, suit les réquisitions du parquet.
Ses avocats ont annoncé jeudi en début de soirée que leur client faisait appel de la décision. Me Stéphane Daquo et Me Grégoire Lafarge critiquent, dans un communiqué, la longueur et la complexité de l'ordonnance de mise en accusation (300 pages), "expression même de l'absence de clarté et d'évidence des charges".
Sous surveillance électronique. Placé en détention provisoire lors de sa mise en examen, Willy Bardon est sorti de prison en avril 2014 mais sous surveillance électronique. Âgée de 24 ans, Élodie Kulik, directrice d'une agence bancaire à Péronne, dans la Somme, avait été violée puis étouffée en janvier 2002 et son corps avait été retrouvé en partie calciné dans un champ à quelques kilomètres de là, à Tertry.
Avant d'être tuée, la jeune femme avait eu le temps d'appeler avec son téléphone portable les pompiers qui avaient distingué, derrière la voix de la victime, au moins deux voix d'hommes avec un fort accent picard. Un préservatif et un mégot avaient été retrouvés près du corps de la victime, permettant le relevé de deux empreintes ADN. Mais malgré plusieurs milliers d'expertises ADN, les enquêteurs n'avaient à l'époque pas réussi à identifier de suspect.
Pas d'ADN pour l'identifier. Dix ans plus tard, en 2012, l'enquête avait connu un tournant avec l'identification par recoupement d'ADN d'un suspect, Grégory Wiart, mort dans un accident de voiture quelques mois après le meurtre. Willy Bardon était l'un de ses amis. L'enregistrement de l'appel d'Elodie Kulik aux pompiers juste avant sa mort, est, selon la défense de Willy Bardon, le seul élément à charge de l'accusation.
La voix de Willy Bardon avait été reconnue par l'ancienne compagne de Grégory Wiart et par cinq des six hommes placés en garde à vue en même temps que lui en janvier 2013, ainsi que dans une première expertise. Le mis en examen avait lui-même dit aux enquêteurs que la voix sur la bande sonore ressemblait à la sienne, avant de se rétracter, en niant toute implication dans l'affaire.