Affaire Théo : "Je n’avais jamais vu ça, c’était Bagdad !"

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Les vitrines de plusieurs commerces ont été brisées à Bobigny. © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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Pierre Herbulot, édité par A.H.
La manifestation de soutien à Théo devant le tribunal de Bobigny, samedi, a dégénéré en scènes de guérilla urbaine.
REPORTAGE

Ce devait être un message fort : "Justice pour Théo", ce jeune homme de 22 ans victime de violences policières à Aulnay-sous-Bois. Quelque 2.000 personnes étaient rassemblées samedi devant le tribunal de Bobigny. Un message totalement anéanti par des centaines de casseurs.

"Hier ils violent, demain ils tuent. Et après ?". Si le bilan officiel ne fait pas état de blessés, il y a eu des dégâts matériels considérables : un centre commercial en vrac, des arrêts de bus pulvérisés et des voitures en feu. Un drame humain a même été évité de justesse, puisqu'une petite fille de six ans a été sortie in extremis d'un véhicule en flammes. Reportage.

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Crédit : GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

"On a fait ce qu'il y avait à faire". Abdel revient là où, la veille, le rassemblement a dégénéré. "Franchement, je n'ai jamais vu ça. C'était Bagdad !", atteste-t-il. Samedi, le jeune homme était dans les rangs de ceux qui affrontaient les policiers. Il justifie en partie les violences. "Il ne faut pas disculper un camp ou l'autre. Nous, on a nos torts. Mais on a fait ce qu'il y avait à faire", assure Abdel.

"Les gens qui ont brûlé les voitures des autres gens, je ne leur donne pas raison. Mais le fait de se battre pour une cause, c'est logique. Hier, ils (les policiers, ndlr) violent, demain ils tuent. Après ils vont faire quoi ? Ils vont faire ce qu'ils veulent ! Il faut leur montrer que nous, la population, on est là et on ne va pas se laisser faire", martèle-t-il.

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Crédit : Patrick KOVARIK / AFP

Des violences "au quotidien". Des pavés et des capsules de grenades fumigènes jonchent le sol du parc, en face du tribunal de Bobigny. Sur un mur, une fresque représente un CRS en train de braquer un jeune homme avec un lanceur de flash-ball. "C'est notre quotidien. Elle veut tout dire cette image", affirme Yassine, qui photographie l'oeuvre avec un ami. Pour eux, l'affaire Théo est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Une colère qui ne peut-être apaisée que par une chose, selon eux : "de la prison ferme" pour le policier à l'origine de l'arrestation.

Après la manifestation, 37 personnes ont été interpellées dans la soirée de samedi en Seine-Saint-Denis, a-t-on appris de source policière.