On sait que l'assaut de Saint-Denis le 18 novembre dernier a permis en partie de mettre fin à la fuite en avant des terroristes des attentats de Paris. On connaît désormais un peu mieux les conditions de cette opération. Selon Mediapart qui a pu consulter des procès-verbaux et un rapport des services de renseignement, l'assaut s'est déroulé dans une grande confusion. Les djihadistes auraient tiré onze balles et les forces de l'ordre plus de 1.500, parfois contre les leurs.
Pas de kalachnikovs. Après avoir épluché les procès-verbaux des policiers et un rapport de la DGSI datant du 24 novembre, Mediapart affirme que les djihadistes, parmi lesquels se trouvaient deux des terroristes du 13 novembre, ont peu tiré. "Onze munitions" leur ont été attribuées par les services de renseignement, dont aucune ne provient de kalachnikovs.
Des impacts à l'intérieur des protections. Dans un des procès-verbal, un gradé explique, que de leurs côtés, les hommes d'élites ont tiré 1.576 munitions, "retrouvées dans les parties communes de l'immeuble", précise le site. Selon Mediapart, une partie d'entre elles proviennent "vraisemblablement des tirs effectués par les effectifs de police du Raid". L'analyse des protections, boucliers et porte-boucliers, ont permis de constater que les impacts étaient plus nombreux à l'intérieur des protections, et non à l'extérieur.
"Saturer la zone de retranchement des individus". Selon Christophe Caupenne, ancien négociateur du Raid, cette riposte conséquente des forces d'intervention ne sont pas surprenante, au vu de la situation. "Lors d'un assaut, c'est une sorte de mini-chaos qui se produit, surtout lorsque vous avez des terroristes retranchés, qui avaient fait usage de ceintures d'explosifs et de kalachnikovs. Il y a un niveau de dangerosité extrême", insiste-il.Lorsqu'il faut rentrer à l'intérieur, le principe est de profiter, soit d'un effet de surprise, soit d'une action de force suffisamment déterminante pour que les individus en face soient dans l'impossibilité de réagir. D'où une série de tirs de saturation qui sont classiques dans les forces d'intervention. C'est-à-dire que l'on va saturer la zone de retranchement des individus", détaille-t-il.
Trois morts et sept interpellations. L'assaut de Saint-Denis intervenu six jours après les attentats qui ont endeuillé la France a permis d'interpeller sept personnes. Deux personnes, dont Abdelhamid Abaaoud, y ont trouvé la mort, tués par le déclenchement d'une ceinture d'explosifs ainsi qu'Hasna Aït Boulahcen, la cousine d'Abaaoud.