A l’instar du terroriste présumé Sid Ahmed Ghlam, soupçonné d’avoir voulu commettre un attentat contre des églises en banlieue parisienne, le tueur de l'Hyper Cacher, Amedy Coulibaly, pourrait avoir "reçu des instructions de l'étranger", a révélé le procureur de la République de Paris, François Molins, dans un entretien au Figaro.
Comme Ghlam, Coulibaly aurait été piloté depuis l’étranger. "On sait que Ghlam a été téléguidé depuis la zone irako-syrienne. Selon toute hypothèse en cours de vérification, Amedy Coulibaly a lui aussi reçu des instructions depuis l'étranger", a indiqué le procureur, sans toutefois préciser depuis quel pays ces consignes auraient pu être données.
"En apparence, ces individus semblent seuls mais, quand on gratte un peu, on s'aperçoit qu'ils agissent au nom de groupes terroristes sur des cibles correspondant à des mots d'ordre donnés par Daech ou Jabhat al-Nosra", mouvements actifs en Syrie et en Irak, a ajouté François Molins. Amedy Coulibaly, qui a tué début janvier quatre personnes lors de sa prise d’otages au supermarché Hyper Cacher ainsi qu'une policière municipale à Montrouge agissait en coordination avec les frères Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo. Il a exprimé son allégeance au groupe Etat islamique tandis que Chérif Kouachi a déclaré agir au nom d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).
Des as de la dissimulation. "Nous sommes face à des radicaux qui agissent dans la discrétion. Ils peuvent avoir des vies de famille normale, comme cela semble le cas pour Sid Ahmed Ghlam, qui voulait frapper le mois dernier à Villejuif", a indiqué le procureur, faisant référence à la technique islamique de la dissimulation adoptée par les terroristes, la taqiya. Les acteurs du "terrorisme low-cost" sont difficiles à détecter car ils n’émettent "que des signaux très faibles, quasiment indécelables par les services de renseignement", a-t-il jugé. Tout comme Sid Ahmed Ghlam, aucun voisin d’Amedy Coulibaly n’avait remarqué de comportement anormal de la part du jeune homme.
Une menace au plus haut niveau. Dans cet entretien, le procureur estime par ailleurs que "la menace n'a jamais été aussi forte, notamment en raison de l'implication de la France dans la lutte contre Daech" en France, précisant que le nombre de dossiers, depuis fin 2013, "a explosé de 180%".
"Nous traitons actuellement des dizaines de dossiers avec 169 personnes mises en examen, dont 106 en détention provisoire, auxquelles il faut ajouter 306 individus en Syrie ou sur le retour qui sont visés et que l'on cherche. Ce processus durera des années", a poursuivi François Molins.