Les images de clients affolés dans une pizzeria lors des attaques terroristes du 13 novembre 2015, où 130 personnes ont perdu la vie, avaient fait le tour du monde. Le patron du Casa Nostra, Dimitri Mohamadi, doit être jugé mercredi à Paris pour la divulgation de cette vidéo par un tabloïd britannique. Dimitri Mohamadi, le gérant de 45 ans, est accusé d'avoir installé "sans autorisation un système de vidéo-protection" mais aussi de l'"enregistrement et de la divulgation d'images". Pour ces infractions, il encourt trois ans de prison et 45.000 euros d'amende.
Sur la bande, on peut voir des images de la fusillade tournées à l'intérieur de la pizzeria par une caméra de surveillance. La vidéo avait été mise en ligne quelques jours après l'attentat par le Daily Mail. Leur diffusion, ainsi que leur vente présumée pour la somme de 50.000 euros, avaient suscité une vague d'indignation, relayée par le Petit Journal. La mairie de Paris, pas convaincue par la ligne de défense du patron de Casa Nostra, avait, elle, décidé de suspendre une aide financière de 40.000 euros au restaurant. Trois clients avaient également déposé une plainte après s'être reconnus sur la bande. Ils n'avaient pas obtenu le retrait de la vidéo auprès du quotidien britannique. Le parquet de Paris avait alors ouvert une enquête préliminaire fin janvier 2016.
La page Facebook du restaurant avait été inondée de messages de protestation après les révélations de la vente présumée.
Messages Facebook pour #DimitriMohamadi, patron de #casanostra qui a vendu 50 000 € sa video selon @LPJofficielpic.twitter.com/4AkPBhjSP7
— Tatiana de Rosnay (@tatianaderosnay) 24 novembre 2015
Un "exorcisme public". L'avocat du prévenu, maître Jeffrey Schinazi, considère que ce dossier est "un exorcisme public". "Faute de choper les terroristes" de cette nuit-là, "on chope le premier venu, on se trompe de cible", a-t-il affirmé. Le Daily Mail avait reconnu "l'acquisition" de la vidéo, garantissant l'avoir "obtenue sur fond de forte compétition entre les médias français et internationaux", mais sans préciser dans quelles conditions il avait mis la main dessus. Plusieurs autres prévenus, parmi lesquels le "hacker" qui aurait récupéré la vidéo dans le système du restaurant sur une clé USB, sont soupçonnés de "complicité de divulgation d'images de vidéo-protection à une personne non habilitée" et également poursuivis.