Dix ans après avoir été acquitté dans l’affaire Outreau, Daniel Legrand comparaîtra, mardi, en cour d’assises des mineurs. Il se livre sur son état d’esprit.
Ce n’est pas fini pour Daniel Legrand. A bientôt 34 ans, il fait partie des 13 acquittés parmi les 17 accusés du scandale de pédophilie d'Outreau, qui éclata en février 2001. Dès mardi, il va de nouveau affronter la justice. Car blanchi en appel en 2005, en tant que majeur, pour viols et agressions sexuelles sur des enfants, Daniel Legrand fils doit cette fois répondre des faits qui aurait été commis pendant qu'il était mineur, entre 1997 et 1999.
"Je pensais tourner la page". Celui qui fut le plus jeune accusé dans cette affaire ayant viré au fiasco judiciaire ne voit pas le sens de ce troisième procès : "J’ai été acquitté en 2005, je pensais tourner la page, et on me refait un nouveau procès. Je ne comprends pas", confie-t-il au micro de Lionel Gougelot, correspondant d’Europe 1 dans le Nord.
Innocenté le 1er décembre 2005 pour des viols et agressions sexuelles en réunion commis alors qu’il était majeur, il doit maintenant s’expliquer devant la justice de ces mêmes faits sur les quatre fils Badaoui-Delay, couple incestueux condamné, et pour lesquels il était mineur, entre 1997 et juillet 1999. "Je serais coupable mineur et innocent majeur ? Cela n’a pas de sens", lâche-t-il dépité, qualifiant la situation d’"absurde".
"Deux ans et demi de prison pour rien". Parmi les quatre victimes présumées, les Kevin, Dimitri, Jonathan se sont portés parties civiles dans ce dernier round judiciaire. "Pourquoi me mettraient-ils en cause aujourd’hui, alors qu’ils ne m’ont jamais mis en cause ?", s’interroge le trentenaire. Au cours de l'instruction, les enfants du couple Badaoui-Delay, reconnus victimes de viols et d’agressions sexuelles de la part de leurs parents et d'un couple de voisins, les Grenon-Delplanque, n’ont jamais cité directement Daniel Legrand.
Si Daniel Legrand admet "comprendre leur souffrance", il aimerait "qu’ils disent la vérité une bonne fois pour toute". Pour enfin pouvoir "tourner la page" Outreau.