Ils ont passé la nuit avec des policiers. Mais cette fois, Bernard Squarcini, l'ex-patron de la DCRI, et Christian Flaesch, l'ancien directeur de la PJ parisienne, étaient du côté de ceux que l'on interroge. Pour éviter tout risque d'indiscrétion, leur arrestation avait été préparée dans le plus grand secret, car ces deux figures de la police ont encore beaucoup d'amis bien placés. Ces deux anciens grands flics sont soupçonnés de trafic d'influence et de violation de secret professionnel
De la DCRI au conseil en sécurité. Bernard Squarcini, spécialiste du renseignement et proche de Nicolas Sarkozy, avait été débarqué de la DCRI, en 2012, aussitôt après l'élection de François Hollande. Depuis, il a monté une société de conseil en sécurité pour des grandes sociétés internationales et des chefs d'Etat, notamment africains. Celui qu'on surnomme le Squale exploite son carnet d'adresses. Mais entre lobbying et trafic d'influence, la frontière peut s'avérer ténue.
Des documents très confidentiels à son domicile. En avril dernier, les policiers de l'OCCLIF, l'office de lutte contre la corruption, perquisitionnent son domicile. A l'époque, ils enquêtent sur le rôle qu'aurait pu jouer Bernard Squarcini dans un éventuel financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2017, et sur son implication dans un dossier de cercles de jeu corses. Lors de la perquisition, les policiers découvrent des documents qui n'auraient pas dû se trouver au domicile de l'ex-n°1 du renseignement intérieur. Ils mettent ainsi la main sur des rapports classés secret défense sur des mouvements terroristes et des pièces de procédures judiciaires.
Trois enquêtes ouvertes. La justice a donc ouvert trois enquêtes, pour compromission du secret de la Défense nationale, recel de violation du secret professionnel et trafic d'influence. C'est dans ce cadre que Bernard Squarcini a été convoqué lundi après-midi à l'IGPN. Mais également que Christian Flaesch a été interpellé à son domicile. A ce stade, impossible de savoir précisément quel rôle a pu jouer l'ancien directeur de la PJ parisienne. Moins de deux ans après Squarcini, il avait lui aussi été démis de ses fonctions et est parti dans le privé, dans le groupe Accor.
Point commun entre toutes ces enquêtes : elles sont toutes menées par le juge Serge Tournaire, qui a aussi mis en examen Nicolas Sarkozy pour financement illégal de campagne électorale.