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EN DIRECT - Attaque au couteau à Nantes : l'auteur présumé «fasciné par Hitler» selon le procureur

Europe 1 avec AFP - Mis à jour le . 7 min

Au lendemain de l'attaque au couteau dans un collège-lycée de Nantes, le procureur Antoine Leroy, a tenu une conférence de presse durant laquelle il est revenu sur les évènements et sur l'enquête actuellement en cours. Il a dressé le profil du jeune homme qui vivait chez sa mère. Distant au lycée, de nature taiseuse et présentant une fascination "pour Hitler" il entretenait uniquement des liens avec la jeune fille qu'il a tuée de 57 coups de couteau.

Au lendemain de l'attaque au couteau dans un collège-lycée privé de Nantes où un hommage s'est tenu vendredi après-midi à l'adolescente tuée, les enquêteurs tentent de cerner les motivations de l'auteur présumé, un adolescent qui a été hospitalisé jeudi soir après un examen psychiatrique.

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Le procureur de la République de Nantes Antoine Leroy a donné une conférence de presse ce vendredi pour faire le point sur l'enquête et les motivations de l'agresseur, encore indéterminées.

Outre la lycéenne décédée de 57 coups de couteau, trois autres élèves ont été blessés, dont un qui se trouvait entre la vie et la mort jeudi soir. L'état de santé du jeune le plus gravement blessé "s'est amélioré", a indiqué plus tôt dans la journée le magistrat.

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Les informations à retenir : 

  • Pour l'heure, aucun mobile ne peut être établi
  • L'auteur présumé présente une fascination "pour Hitler"
  • La jeune fille tuée par "57 coups de couteau", était la seule personne avec qui il entretenait un lien dans le lycée
  • Un hommage doit être rendu vendredi après-midi à l'adolescente tuée
  • Les enquêteurs tentent de cerner les motivations de l'auteur présumé
  • L'état de santé du jeune le plus gravement blessé "s'est amélioré"

Réclusion criminelle à perpétuité

Les experts en charge de l'enquête procèdent actuellement à l'analyse de ses téléphones et de son matériel informatique. Il est donc impossible de savoir ce qu'il a fait dans les jours précédents l'attaque, selon le procureur de la République de Nantes.

L'enquête a débuté "pour meurtre" mais au vu des éléments de "préméditations", il encourt la réclusion criminelle à perpétuité, selon Antoine Leroy.

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Garde à vue levée

La garde à vue est terminée et le lycéen a été hospitalisé. Il va être pris en charge par une cellule psychologique pour enfant suicidaire.

"Il faut saluer le travail de la police nationale dans ce dossier" ajoute le procureur. "Elle a pu procéder à pas moins de 70 auditions sur place" en mettant en place un dispositif de manière "extrêmement rapidement". Antoine Leroy a également tenu à saluer "la collaboration extrêmement fructueuse des autorités éducatives de ce lycée privé" et "le travail des pompiers dont une partie des psychologues a pu assister les parents et tous les élèves traumatisés par les évènements". 

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Aucun mobile établi

Pour l'heure, aucun mobile n'a pu être établi. S'il s'en est pris au hasard à trois de ses camarades, il entretenait cependant un lien fort avec la jeune fille qu'il a tué. Selon le procureur, "c'est la seule personne avec qui il entretient de bonnes relations au sein du lycée". "Il avait des contacts avec elle, il l'appréciait" et l'avait "rencontrée lors d'un séjour scolaire à Rome". 

Ce jeune n'indique pas avoir été victime de harcèlement, c'est donc une piste éloignée par les enquêteurs. 

Une fascination pour Hitler

Il vivait essentiellement chez sa mère avec qui "il avait de bonnes relations" et voyait peu son père. Selon le procureur de la République de Nantes, le lycéen avait "peu d'amis" et parlait peu. Sa personnalité inquiétait cependant sa mère, qui a estimé "opportun de faire en sorte qu’il rencontre des personnels éducatifs de la maison des adolescents de Nantes". 

De cette personnalité, il ressort également "une forme de fascination pour Hitler" qui a été repérée par le personnel éducatif. Enfin, "il a des tendances suicidaires" poursuit le procureur, citant l'exemple d'une phrase écrite au feutre dans les toilettes de l'établissement, indiquant qu'il souhaitait "se faire trancher la gorge". Sa personnalité est complexe et devra être explorée par des médecins experts. 

Arrêté par un agent d'informatique

Alerté par les hurlements, un technicien d'informatique de l'établissement se rend rapidement dans la seconde classe où il assène un coup de chaise au jeune pour tenter de l'arrêter. Alors que le mis en cause tente de s'enfuir, le professionnel du lycée parvient à le bloquer "dans une sorte de sas". Le personnel de l'établissement parvient à "entamer un échange" avec le lycéen. 

Trois blessés au hasard

Des coups de couteaux sont assénés au hasard, dans une seconde classe où le mis en cause s'est rendu par la suite. "Il s'en est pris à ceux qui étaient le plus proche de lui". À ce moment-là, il fera trois blessés, dont un grave qui mettra plusieurs heures avant d'être mis hors de danger aux urgences, selon Antoine Leroy, procureur de la République de Nantes.

57 coups de couteau

"La matinée s'est déroulée tout à fait normalement", le mis en cause était présent "sans se faire remarquer", selon Antoine Leroy, procureur de la République de Nantes. "Tout commence en réalité aux alentours de 12 heures, lorsqu'il se rend aux toilettes où il reste au moins 10 minutes et il va faire un certain nombre de choses". Dans son sac à dos laissé dans les toilettes, sera retrouvé une arme à feu et deux couteux dont une lame de 20 centimètres. De plus, "il écrit quelques phrases au mur. Il se scarifie avec son couteau sur le front". 

À 12h30, il se rend dans l'une des classes où sont présents une trentaine d'élèves. "A visage découvert, il reste sur le pas de porte et demande si l'un de ses camarades dont il donne le nom et le prénom est présent". Ce dernier absent, il fait demi-tour et retourne aux toilettes où il se masque le visage. Il retourne dans la classe et s'en prend exclusivement à la jeune fille qui décèdera des 57 coups de couteau qu'il lui a donné. 

Un hommage fort de la part des élèves

Des élèves du lycée nantais ont diffusé un appel à déposer des fleurs devant l'établissement à 15h30 mais déjà vendredi matin, des groupes de lycéens et des adultes seuls, visiblement émus, se relayaient devant pour déposer une rose blanche ou un bouquet. Certains s'agenouillent un instant en silence ou s'enlacent avant de repartir, a constaté un journaliste de l'AFP.

Les cours sont suspendus vendredi pour les élèves du collège et du lycée Notre-Dame-de-Toutes-Aides, qui pourront toutefois y bénéficier d'une cellule de soutien psychologique.

Antonin, en classe de terminale, se dit "triste et choqué" mais ne pense pas aller voir les psychologues. "Mais c'est bien qu'ils aient fait ça", dit à l'AFP le lycéen qui a apporté une rose blanche de bon matin en hommage aux victimes, "pour montrer qu'on les respecte, qu'on pense à eux". L'école primaire du groupe scolaire, fréquenté par 2.000 élèves au total, a en revanche maintenu la classe.

"Ce n'est pas plus mal que la plus petite reprenne l'école aujourd'hui car elle pourra poser des questions à l'équipe éducative si elle en a besoin", estime Antoine, responsable informatique de 44 ans, venu accompagner sa fille scolarisée en CE2.

"On a essayé de trouver les bons mots pour lui annoncer le décès de la jeune fille hier. On lui a dit qu'elle avait succombé à ses blessures, cela met un peu de distance", explique-t-il. Antoine pense en revanche devoir prendre davantage de temps pour parler du drame avec sa fille aînée, qui est en 3e au collège.

"J'avoue que j'ai eu du mal à déposer mon fils à l'école ce matin. Normalement, l'école est le lieu où il ne peut rien arriver", déclare Olivia, 37 ans, aide-soignante et mère de 4 enfants dont un en CP.

Profil difficile à cerner

Une même question revenait dans les conversations au lendemain du drame: pour quelle raison ce lycéen scolarisé en classe de seconde à Notre-Dame-de-Toutes-Aides, interpellé peu après les faits, a-t-il poignardé mortellement une de ses camarades, jeudi en milieu de journée, avant de s'attaquer à trois autres élèves ?

"Le psychiatre ayant procédé à l'examen du mis en cause a conclu à l'incompatibilité de son état de santé avec la mesure de garde à vue en cours", a annoncé le procureur jeudi soir, précisant que l'adolescent allait donc être hospitalisé.

Le profil de l'agresseur semble difficile à cerner. "Le lycéen, les gens le connaissaient comme dépressif, il disait qu'il adorait Hitler. Il a envoyé un mail de 13 pages à tout le monde pour expliquer tous ses problèmes à midi", a témoigné auprès de l'AFP une collégienne.

Peu avant d'attaquer ses camarades, il avait envoyé aux élèves du collège et lycée un courriel sombre et confus consulté par l'AFP. Il y évoque notamment "la mondialisation (qui) a transformé notre système en une machine à décomposer l'humain", revendiquant une "révolte biologique" afin que "l'équilibre naturel, même cruel" reprenne "sa place" contre "l'écocide globalisé".

Les réactions des politiques

Quelques heures après l'attaque, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, et sa collègue de l'Education, Elisabeth Borne, s'étaient rendus au lycée nantais pour saluer le travail des forces de l'ordre, des secours ainsi que du personnel enseignant qui a permis de maîtriser l'agresseur et d'éviter selon eux un bilan plus lourd.

Le président Emmanuel Macron a de son côté salué le "courage" des professeurs qui "ont sans doute empêché d'autres drames".

François Bayrou a lui estimé que l'installation de portiques à l'entrée des établissements scolaires était "une piste" pour éviter de nouvelles attaques au couteau, des armes qui "doivent être pourchassées".