C'est la première chose qu'il a voulu dire au tribunal correctionnel de Paris, lundi, au premier jour du procès dit de la "filière de Strasbourg". A peine l'audience ouverte, Karim Mohamed-Aggad, frère aîné de Foued, l'un des trois kamikazes du Bataclan, a demandé à faire une déclaration spontanée. "Moi et mes collègues, ici, on n'a aucune responsabilité dans les attentats du 13 novembre. On est tous des fans de foot et, le 13, on regardait le match France-Allemagne. On ne veut pas être assimilés à ces faits-là, on voudrait juste un procès équitable sans amalgame", a-t-il dit depuis l'un des deux box où s'étaient répartis les sept camarades.
"Ce n'est pas le procès du Bataclan". Cette crainte de "l'amalgame", les avocats de la défense l'ont exprimée d'emblée, rappelant qu'il n'y avait aucune victime dans cette affaire. "Je crois qu'on se trompe de procès. Ce n'est pas le procès du Bataclan", ont-ils souligné après que l'association française des victimes de terroristes (AFVT) a annoncé vouloir se constituer partie civile. Une demande rejetée par le tribunal.
Car il y a une différence de taille entre les sept "Strasbourgeois" âgés de 24 à 27 ans, présents aujourd'hui dans le box, et Foued Mohamed-Aggad, dont la mission terroriste au Bataclan a coûté la vie à 90 personnes. A l'inverse de leur ami avec qui ils étaient partis, tous sont rentrés en France, volontairement, et après quelques mois seulement passés en Syrie, au cœur de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), ancêtre de l'Etat islamique.
Défendre "les frères opprimés par Bachar Al Assad". La justice a toutefois des choses à leur reprocher. Comme ce départ groupé, échelonné par petits groupes pour passer inaperçus auprès des proches, et réalisé sous couvert d'humanitaire. Un voyage en Syrie qui a rapidement tourné à l'entraînement militaire et à l'apprentissage du maniement d'armes, comme la kalachnikov.
Pour cette première journée d'audience, le tribunal a donc tenté de comprendre ce qui a pu motiver ce groupe d'amis tous originaires de Strasbourg et de sa proche banlieue, à partir - quitte à prendre les armes pour se défendre. "Secourir", "aider nos frères musulmans opprimés par Bachar Al Assad", ont-ils répondu. L'examen du déroulement précis de leur séjour risque d'être plus délicat cette semaine. Ils encourent jusqu'à dix ans de prison.