Le procès des "cavaliers de la fierté" s'est ouvert lundi au tribunal correctionnel de Paris. Quatorze membres de Forsane Alizza sont jugés pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et détention illégale d'armes. Le charismatique fondateur de ce groupuscule islamiste pro-djihad, a été présenté en milieu d'après-midi. Celui qui en photo apparaissait toujours la tête couverte a pour la première fois laissé voir sa chevelure grisonnante. L'homme a gardé sa grosse barbe, mais son visage s'est creusé après trois années de détention.
L'islamophobie à l'origine de Forsane Alizza, assure-t-il. A 37 ans, Mohamed Achamlane, "l'émir" comme il se présente, fait rapidement montre de son charisme. Il s'exprime clairement, joue avec les mots, fait de la rhétorique jusqu'à quasiment prendre le contrôle de l'audience. Il se sert de ce procès comme d'une tribune politique et dénonce l'islamophobie.
Pour lui, le but de Forsane Alizza, lorsqu'il l'a créé en 2010, était de lutter contre l'islamophobie qui fait, dit-il, que "la France n'est plus ce qu'elle était". A cause de cette insécurité, il a fait le choix de s'armer pour défendre sa famille et les musulmanes. Les policiers ont saisi trois Kalachnikov à son domicile de Nantes, lors de l'arrestation spectaculaire de membres du groupe en 2012 quelques jours après les tueries de Mohamed Merah.
Communautarisme assumé. Mohamed Achamlane assume le caractère communautariste de Forsane Alizza. Il revendique son côté provocateur mais il conteste toute velléité terroriste avec cette réflexion : "Les terroristes ne s'approchaient pas de nous. On faisait trop de bruit." Il y a pourtant cette phrase retrouvée dans un chat en ligne en mars 2012 dans lequel il explique : "Par Allah tout puissant, on va lui mettre des cicatrices à la France. On va la balafrer."
"L'émir"jure aussi ne pas être antisémite. Les enquêteurs ont pourtant retrouvé sur son ordinateur un fichier baptisé "cible", qui répertoriait dix magasins juifs, dont cinq Hyper Casher.
La tête pensante de Forsane Alizza semble jouer avec l'ambigüité et avec la patience de la présidente, lorsqu'il refuse que les perquisitions chez lui soient évoquées. "C'est intrusif", commente-t-il, ajoutant avec une dose d'ironie : "Madame la Présidente, si vous ne prenez pas le temps de vous mettre à ma place, on ne va pas y arriver."