En retrait de la vie politique depuis octobre, Jean-Vincent Placé refait parler de lui. L'ancien sénateur de l'Essonne a été arrêté la nuit dernière à la sortie d'un bar du 6ème arrondissement de Paris, très alcoolisé. Jeudi soir, sa garde à vue a été prolongée. Selon les informations d'Europe 1, il est soupçonné d'avoir insulté successivement une cliente du bar, le vigile puis les forces de l'ordre venues à la rescousse. Avec, entre autres, des propos à caractère raciste.
Ce qu'il s'est passé dans le bar
Peu avant 2 heures du matin, au cœur du quartier latin. La nuit est tombée depuis longtemps déjà lorsque Jean-Vincent Placé fait son entrée dans le bar La Piscine, accompagné d'un ami sénateur. "Il s’est pointé comme un roi, avec un melon pas possible, sans dire bonjour ni merci ni merde", raconte un membre de l'équipe du bar auprès de Libération. Visiblement éméché, l'ex-élu écologiste s'accoude ensuite au comptoir, nonchalamment. "Il a fait un vague geste de la main et a juste dit : "A boire", détaille le même témoin.
Quelques instants plus tard, il décide de se diriger vers la piste de danse, où se trouvent deux jeunes femmes d'une vingtaine d'années. À l'une d'elle, il intime de danser avec son ami. Celle-ci décline l'invitation. Mais Jean-Vincent Placé revient à la charge, lui proposant même une contrepartie financière. Encore une fois, la jeune femme refuse. Selon elle, il lui aurait alors attrapé le bras, la poussant de force vers son ami, tout en l'insultant. C'est à ce moment-là que le videur décide d'intervenir.
"La petite, elle était choquée", raconte Vladimir au micro de RTL. "Elle m'a dit : 'Il m'a pris pour une pute lui ou quoi'."Et là, le mec, quand je suis intervenu, il a dit 'on n'est pas au Maghreb ici, je vais t'envoyer à Ouagadougou dès le premier vol'. Il m'a raconté des conneries comme cela. C'est ignoble".
Le ton monte entre les deux hommes, et Jean-Vincent Placé finit par se prendre "une gifle de légionnaire", raconte encore un témoin à Libération. "Tu veux que je te mette un coup de boule ?", aurait alors continué l'ancien secrétaire d'État. Son ami, un sénateur du groupe Union centriste, décrit comme "très respectueux" par plusieurs personnes à l'intérieur du bar, aurait alors soufflé : "Je suis parlementaire et je dois gérer ça…". D'autant que l'affaire est loin d'être close, puisque le portier alerte des policiers de la BAC, qui passaient par là.
Ce qu'il s'est passé à la sortie du bar
Exfiltré du bar, Jean-Vincent Placé se retrouve alors encerclé par les forces de l'ordre. Ce qui ne le calme pas pour autant. Là encore, des insultes fusent. "Tocards", "tu ne sais pas qui je suis", aurait-il répété à plusieurs reprises, devant de nombreux témoins.
Un policier a ainsi déposé une plainte pour "outrage à agent", justifiant son placement en garde à vue au commissariat du 5ème arrondissement, où il a passé la nuit. Dans la voiture de la BAC, Jean-Vincent Placé aurait, selon LCI, indiqué avoir reçu un coup de poing au visage de la part d'un autre client se réclamant "d'extrême-droite", à l'intérieur du bar. Aucune blessure n'a cependant été constatée.
Placé en cellule de dégrisement, son taux d'alcoolémie, en revanche, a bien été mesuré à 2,32 g. Le videur ainsi que la jeune femme importunée pourraient aussi porter plainte. Son fameux ami sénateur, lui, doit encore être entendu par les policiers en qualité de témoin.
Un homme politique pas toujours discret
En décembre 2016, son attitude lors d'une séance au Sénat avait déjà suscité quelques doutes sur son état d'alcoolémie."Jean-Vincent Placé est apparu particulièrement guilleret, bien plus en tout cas que ce que le programme du jour laissait augurer", écrivait alors Paris Match. Il s'était "montré très jovial", décrivait aussi Le Figaro. La vidéo de cette séance au ton léger avait été très partagée sur les réseaux sociaux.
Certains internautes ont aussi exhumé jeudi son dernier retweet. Celui d'un message d'une jeune femme qui écrit : "Ça fait 10 jours que je n’ai pas bu d’alcool. Mon teint est plus clair, mes cernes s’estompent, je dors mieux, et je m’emmerde prodigieusement".
Le dernier retweet de Jean-Vincent Placé pic.twitter.com/ek1pdoxny9
— Paul Larrouturou (@PaulLarrouturou) 5 avril 2018
L'ancien cadre d'Europe-Écologie-Les-Verts est par ailleurs connu pour être l’un des habitués du Triolet, une boîte de nuit de La Rochelle où se terminent les soirées des universités du Parti socialiste, expliquait le patron des lieux au Figaro, en 2015.
Fin 2016, il s'était également fait remarquer lors d'un match du Masters 1000 de Paris-Bercy. Trop bruyant, le secrétaire d'État avait fait sortir de ses gonds le Suisse Stan Wawrinka.
Stanislas Wawrinka 1 - Jean Vincent Placé 0 pic.twitter.com/uBpy6sLQ24
— Nicolas Rondepierre (@NRondepierre) 3 novembre 2016
En mars 2017, il avait aussi été aperçu sur le Snapchat de la star de la téléréalité Nabilla. "Il ne la lâche plus", s'amusait alors son petit ami, Thomas Vergara, filmant le ministre tenir fermement le bras de sa compagne.
Secrétaire d'État chargé de la Réforme de l'État et de la Simplification sous François Hollande, redevenu sénateur de l'Essonne en juin 2017, l'élu avait annoncé son retrait de la vie politique en septembre dernier. "Cela fait 28 ans que je suis militant et il peut être intéressant de faire un nouveau départ dans la vie hors politique", justifiait-il à l'époque. Quelques jours auparavant, il avait été agressé en pleine nuit à la terrasse d'un bar. Trois individus lui avaient alors volé sa montre, d'une valeur de 7.000 euros, ainsi que son téléphone portable et sa carte bleue. Blessé au dos, la lèvre fendue et une dent cassée, Jean-Vincent Placé avait alors porté plainte. Sept mois plus tard, le voilà dans le rôle de l'accusé.