Le djihadiste Omar Omsen, présumé mort, refait surface dans un reportage

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Omar Omsen, que l'on donnait pour mort depuis l'été dernier, est bien vivant. © Capture d'écran Complément d'enquête
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C.P.-R. , modifié à
Tout le monde le croyait mort. Mais cet important recruteur de djihadistes a accordé une interview au magazine "Complément d'enquête", diffusé jeudi prochain. 

La rumeur le donnait pour mort depuis août dernier. Mais Omar Omsen - Diaby de son vrai nom -, que Bernard Cazeneuve avait qualifié de "recruteur très important" de djihadistes français, ressurgit sur le devant de la scène médiatique dans l'émission "Complément d'enquête", diffusée jeudi prochain sur France 2. Dans l'interview qu'il accorde, le djihadiste livre notamment son avis sur l'Etat islamique et apporte son soutien… à Marine Le Pen.

Opéré et soigné dans un pays arabe. Si le décès de ce Français de 41 ans n'avait jamais été confirmé officiellement, la justice française le considérait comme "présumé mort". Des doutes subsistaient néanmoins toujours quant à la véracité de sa mort, comme le prouve ce tweet publié il y a près de deux mois par David Thomson, l'un des spécialistes des mouvements djihadistes.

En réalité, le Niçois d'origine sénégalaise s'est fait passer pour mort durant dix mois afin de se faire soigner. D'après Le Monde, qui a pu visionner les rushes de l'émission, Omar Omsen affirme avoir subi "une grosse intervention chirurgicale". C'est afin de pouvoir être exfiltré de Syrie qu'il aurait mis en scène son décès. Une supercherie qui lui aurait permis d'être soigné quatre mois dans un "pays arabe", malgré un mandat d'arrêt européen émisà son encontre.

Il cautionne les attentats perpétrés en France. Dans son interview réalisée par Romain Boutilly via les réseaux sociaux dont Skype, Omar Omsen soutient les attaques terroristes du 13 novembre perpétrés par l'Etat islamique. "Ils ont été faits en représailles aux frappes françaises sur des femmes et des enfants […]. Nous ne pouvons donc les condamner, car Allah a dit 'transgresser à transgression égale'", déclare le djihadiste, bien qu'il pointe de nombreuses différences idéologiques avec l'Etat islamique, rival du front Al Nostra, branche d'Al-Qaïda à laquelle il appartient.

Idem pour l'attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015. "Ceux qui insultent le Prophète doivent être exécutés, c’est une loi islamique. Le fait que les frères Kouachi ont appliqué cette loi ne fait pas d’eux des terroristes, mais de véritables musulmans", déclare le djihadiste.

Il soutient… Marine Le Pen. Face caméra, le djihadiste apporte aussi un soutien inattendu à Marine Le Pen."Elle est une femme, d’accord, qui est, on peut dire, raciste, mais au moins elle défend les vraies valeurs de la France. Cette femme a demandé aux troupes françaises de revenir parce que cette guerre-là ne les concernait pas. Eh bien, elle a tout à fait raison", juge-t-il. En sus de cette interview inédite, Omar Omsen a également laissé un cameraman de l'émission entrer dans sa katiba (ndlr ; "bataillon") afin de filmer des images du quotidien des combattants. Après dix mois d'absence, Omar Omsen effectue donc retour parfaitement orchestré.


INFO FRANCE 2. Complément d'enquête. Omar Omsen, le jihadiste français qu'on croyait mort, est bien vivant

Une caméra au cœur de la "katiba". En effet, cet adepte du prosélytisme 2.0 a lui-même contacté les journalistes de "Complément d'enquête", après avoir appris qu'ils réalisaient un documentaire intitulé "Djihad, les recruteurs", et s'intéressant notamment à ses méthodes de recrutement. Il faut dire que le Niçois est considéré comme l'un des principaux recruteurs de djihadistes français et l'un des prédicateurs les plus redoutables sur le web.

Omar Omsen est bien connu des services de renseignements français pour avoir produit la série de vidéos "19HH", film "culte" de la propagande islamiste. Présentées comme des "films documentaires", ces vidéos en français sont considérées par les spécialistes comme la porte d'entrée au djihad par voie d'autoradicalisation. "On peut considérer que s'il n'avait pas été là, un quart des Français présents aujourd'hui ne seraient pas en Syrie", avait indiqué David Thomson auprès d'Europe 1, en août 2015, alors qu'on le croyait mort.