Près de trois semaines après les attaques terroristes ayant frappé Paris et le stade de France, Salah Abdeslam demeure introuvable. En revanche, l'enquête progresse sur son parcours en amont des attentats revendiqués par l'Etat islamique. D'après de nouveaux éléments, dévoilés mercredi par RTL et dont Europe 1 a eu confirmation, le Français, suspecté d'avoir assuré la logistique des attentats, aurait effectué un véritable périple, sillonnant l'Europe pendant plusieurs semaines.
Grèce, Italie, Autriche, Hongrie… Les enquêteurs ont pu remonter la trace du suspect numéro 1 des attentats jusqu'en août dernier, indique RTL. Et les déplacements et kilomètres effectués par Salah Abdeslam sont nombreux. Etait-ce pour récupérer des complices ou acheminer du matériel en vue de perpétrer les attaques ? Les policiers de la sous-direction antiterroriste (SDAT) planchent sur ces pistes.
… de mystérieux trajets. Une chose est sûre, Salah Abdeslam serait d'abord passé par la Grèce, le 4 août dernier. Sous réserve, bien sûr que les papiers d'identité au nom de Salah Abdeslam aient bien été présentés par lui-même. Ce jour-là, le jeune homme est contrôlé au moment d'embarquer, avec une voiture louée en Belgique, dans un ferry en partance pour Bari, en Italie. Ahmed Dahmani, soupçonné d'avoir effectué des opérations de reconnaissance de lieux en amont des attaques, l'accompagne. Ce Belge d'origine marocaine a depuis été interpellé à Antalya, en Turquie, le 21 novembre, alors qu'il s'apprêtait vraisemblablement à franchir la frontière syrienne en compagnie de deux Syriens, selon l'agence de presse Dogan. Mercredi, une perquisition a par ailleurs a "été exécutée à Molenbeek en lien avec Ahmed Dahmani", a précisé le parquet fédéral, chargé des affaires de terrorisme en Belgique.
Jamais seul. Le 9 septembre, Salah Abdeslam est, cette fois contrôlé à la frontière autrichienne alors qu'il rentre de Hongrie. Au volant d'une voiture immatriculée en Belgique, l'homme aujourd'hui objet d'un mandat d'arrêt international, est alors accompagné de deux individus. D'après RTL, Salah Abdeslam pourraient les avoir récupérés à leur retour de Syrie, en vue de leur participation à l'un des trois commandos s'étant réparti les attaques parisiennes.
Logisticien en chef. Toujours est il que ces nouveaux éléments d'enquête confortent l'hypothèse selon laquelle Salah Abdeslam endossait, a minima, le rôle de chef logisticien. L'ancien résident de Moleenbek, dont le frère Brahim, s'est fait exploser dans un bistrot du boulevard Voltaire, le 13 novembre, s'est en effet chargé d'organiser toute la logistique autour des attentats.
C'est à son nom que la Clio noire et la Polo noire, retrouvées respectivement dans les 18e et 11e arrondissements de la capitale ont été louées en Belgique. C'est également à son nom que des chambres ayant servi de planque aux terroristes, ont été louées sur le site de réservation booking.com. Enfin, c'est encore lui qui, entre septembre et début octobre, aurait acheté une dizaine de détonateurs dans le Val d'Oise.
Le gilet explosif de Montrouge identique à ceux du Bataclan et du stade de France. D'autre part, les enquêteurs ont désormais la certitude que la ceinture explosive retrouvée rue Chopin, à Montrouge, est similaire aux gilets d'explosifs utilisés par les kamikazes au Bataclan et au stade de France, d'après une information de TF1. Aucune empreinte papillaire ou ADN n'a, en revanche, été retrouvée dessus. Mais bien que le gilet ait été trempé pendant de nombreuses heures dans un puissant produit solvant, lors de l'opération de déminage, les experts n'excluent pas définitivement la possibilité de faire encore parler ce matériel, a confié une source proche du dossier à Europe 1.
Salah Abdeslam en Syrie ? Les enquêteurs ne savent toujours pas quand, ni par qui, ce gilet a été abandonné dans la rue. Aucun suspect n'a été identifié sur les images de vidéo-surveillance. Salah Abdeslam, dont le téléphone a borné à proximité dans la nuit des attentats, a-t-il déposé ce gilet ? Etait-ce le sien, dont il se serait débarrassé, renonçant à un attentat prévu dans le 18e arrondissement de Paris ? Ces questions restent pour l'instant en suspens.
Aujourd'hui, les autorités n'ont toujours pas mis la main sur le fugitif, dont la trace s'est perdue en Belgique où il a été contrôlé au lendemain des attentats. L'hypothèse, soulevée notamment par la chaîne américaine CNN, qu'il pourrait avoir rejoint la Syrie, n'a pas été confirmée par le Premier ministre Manuel Valls, lundi.