"C'est un soulagement pour la famille qui attend ça depuis des années", a déclaré maître Alain Spilliaert, avocat de la famille Toscan du Plantier. La juge d'instruction parisienne a clos fin décembre son enquête sur le meurtre de Sophie Toscan du Plantier en Irlande en 1996, pour lequel la France a tenté sans succès d'obtenir l'extradition du journaliste anglais Ian Bailey, principal suspect. Le parquet de Paris doit maintenant prendre ses réquisitions avant que la juge Nathalie Turquey ne décide du renvoi du suspect devant les assises, selon une source judiciaire confirmant une information du quotidien régional Sud-Ouest. "On s'achemine vraisemblablement vers un procès de Ian Bailey en son absence", a affirmé Me Alain Spilliaert.
Ian Bailey principal suspect. Sophie Toscan du Plantier avait été trouvée morte au matin du 23 décembre 1996, en vêtements de nuit, en contrebas de sa maison isolée de Schull, un village de la côte sud-ouest de l'Irlande, où elle était venue passer quelques jours avant Noël. Alors âgée de 39 ans, l'épouse du producteur de cinéma Daniel Toscan du Plantier - qui est mort depuis - avait été frappée à la tête à coups de parpaing. Journaliste pigiste résidant à quelques kilomètres de là, Ian Bailey a rapidement fait figure de suspect en étant parmi les premiers sur les lieux du crime puis en évoquant dans ses articles des éléments de l'enquête censés être connus des seuls meurtrier et enquêteurs.
"Fiasco judiciaire". Interpellé à plusieurs reprises par la police irlandaise, il n'a jamais été inculpé. La famille de la victime a dénoncé un "fiasco judiciaire", pointant de "graves dysfonctionnements" des autorités policières et judiciaires irlandaises. Ian Bailey a toujours clamé son innocence et dit vivre un "enfer".
Extradition refusée. Dans le cadre de l'enquête ouverte en France, des policiers français se sont rendus en 2011 en Irlande, entendant notamment 35 témoins. Le juge avait émis à l'encontre du journaliste un mandat d'arrêt européen qui a valeur de mise en examen. La cour suprême irlandaise avait refusé en 2012 la remise de Ian Bailey à la justice française, estimant que Paris n'avait pas prouvé que le suspect ferait l'objet d'un procès en France. Elle avait invoqué d'autre part l'absence de réciprocité entre les deux pays en matière d'extradition.