Assises de Douai. Il est 7h36 et l'une des victimes du violeur de la Sambre est la première à témoigner. "Il a bousillé ma vie", déclare-t-elle. Dino Scala, 61 ans, comparait pour 17 viols, 12 tentatives de viol et 27 agressions ou tentatives d'agression sexuelle, commis à l'encontre de 56 victimes entre 1988 et 2018. Leurs dépositions se poursuivront jusqu'à la semaine prochaine. Au cours de l'audience, les enquêteurs ont aussi pris la parole.
Le responsable du groupe d'enquête à la PJ de Lille l'avait surnommé avec ironie "Monsieur moyen". Taille moyenne, corpulence moyenne. C'était en fait la description des victimes. "Mais au moment de son interpellation, j'ai lu dans ses yeux que nous ne nous étions pas trompés", témoigne un enquêteur.
La fin de 30 années de traque
Dans son premier face à face avec le violeur de la Sambre, il lui glisse "This is the end." "Il m'a regardé", relate le policier. Sans doute qu'il a intégré effectivement que c'était la fin de son parcours, la fin de 30 années de traque qui provoque chez les enquêteurs un mélange d'amertume et de satisfaction. Au début, Dino Scala garde le silence, puis il se met à collaborer avec les enquêteurs. Il se livre. "Il nous dit qu'il aurait aimé rencontrer des gens comme nous avant. Mais moi aussi, j'aurais bien aimé le rencontrer avant", commente le policier.
Et puis, les enquêteurs remontent le fil du parcours du prédateur. Les premières plaintes, dans les années 80, reçues dans des conditions scandaleuses, admet le policier. "À l'époque", reconnaît-il, "il n'y avait pas la même empathie, la même attention portée à la parole de la femme". Le policier se tourne vers les parties civiles et déclare : "Je vous présente les excuses de l'institution." Aujourd'hui, il est convaincu d'une chose : toutes les plaignantes au procès sont bien des victimes de Dino Scala.