"C’était quelqu’un de bien, bon élève. Il jouait au foot, c’était quelqu’un comme nous, très naturel". Un ancien camarade de classe de Samy Amimour, un des kamikazes du Bataclan identifiés lundi matin, est sous le choc. A Drancy, en Seine-Saint-Denis, d’où est originaire le terroriste, les habitants peinent à comprendre la radicalisation de cet enfant de la ville. De Drancy à la Syrie, retour sur le parcours d’un des responsables de la sanglante attaque du Bataclan, qui a coûté la vie à au moins 89 personnes, vendredi soir.
En Syrie en 2013. Pour sa famille, rien ne laissait présager d’une telle barbarie. Samy Amimour est décrit comme un jeune gentil et timide dans son enfance. Mais progressivement, il se radicalise. Il est mis en examen le 19 octobre 2012 pour association de malfaiteurs terroriste "après un projet de départ avorté vers le Yémen", d’après le parquet de Paris. Il est placé sous contrôle judiciaire, mais le viole à l’automne 2013. Un mandat d’arrêt international est alors délivré contre lui. C’est à cette date, il y a deux ans, que Samy Amimour se rend en Syrie, selon sa famille.
Son père a tenté de le ramener. Mais ses proches refusent de le laisser combattre dans les rangs de l’Etat islamique. Son père, Mohamed, a tenté, sans succès, de faire revenir son fils. L’homme de 67 ans a raconté son expérience au Monde, en décembre dernier. Au printemps 2014, il effectue un périple de trois semaines, jusqu’en Syrie, pour tenter de raisonner son fils et le faire quitter l’Etat islamique. Mais rien n’y fait : "c’était des retrouvailles très froides. Il ne m’a pas emmené chez lui, ne m’a pas dit comme il s’était blessé, ni s’il combattait", témoigne Mohamed. Samy Amimour s’est alors marié en Syrie, et les paroles de son père n’ont aucun effet. Les espoirs de sa famille de le ramener en France s’amenuisent encore.
Trois personnes de son entourage en garde à vue. A l’été 2014, Samy Amimour est encore en Syrie, selon sa famille. Un an plus tard, il fait partie d’une des trois équipes de terroristes qui attaquent le Bataclan. Mais une question se pose : comment-a-il pu rentrer en France sans éveiller de soupçons ? En tout cas, trois personnes de son entourage familial se trouvent en garde à vue depuis lundi matin. Elles ont été interpellées à leur domicile, dans une cité de Drancy. Sous les regards ébahis et l’incompréhension des habitants.