Un ancien militaire parti faire le djihad en Syrie a été condamné lundi à huit ans de prison assortis d'une peine de sûreté des deux tiers par le tribunal correctionnel de Paris, qui a aussi infligé des peines de quatre et six ans à ses deux coprévenus.
Un ex-soldat aux "convictions radicales". S'adressant à l'homme âgé de 31 ans, déserteur de l'armée française, le président de la 16ème chambre correctionnelle lui a expliqué que sa condamnation tenait compte de "la longueur de (sa) présence sur zone", "du fait qu('il avait) de toute évidence porté des armes" et de son "retour clandestin" après avoir été blessé. Dans son réquisitoire, le 6 décembre, la procureure avait insisté sur la "dangerosité manifeste" de l'homme, demandant dix ans de prison contre cet ex-soldat aux "convictions radicales" profondément ancrées, le seul des trois hommes à comparaître détenu. Formé au maniement du lance-roquette, le jeune homme avait déserté l'armée de terre, faute de pouvoir y pratiquer sa religion comme il l'entendait. Il était parti trois fois en opération militaire extérieure, au Tchad, en Côte d'Ivoire et au Sénégal.
Une "bande de copains". À l'audience, les trois jeunes gens, tous trois originaires de la région de Roubaix dans le Nord, avaient tenté de convaincre le tribunal qu'ils ne formaient pas un groupe, mais plutôt une "bande de copains" et que leur départ en Syrie, à tour de rôle, n'était pas concerté.
Un jeune homme de 26 ans converti à l'islam à l'âge de 13 ans, a été condamné à six ans de prison, le tribunal retenant contre lui son "appartenance à un groupe terroriste" et "la longueur de (son) séjour sur zone", mais tenant compte aussi d' "une apparente volonté de se réinsérer". Le parquet avait requis cinq ans.
Quant au dernier jeune homme, âgé de 29 ans, crâne rasé et barbe fournie, il s'est vu infliger une peine de quatre ans de prison, bien moindre que les sept ans requis, le tribunal ayant tenu compte du fait que, contrairement aux deux autres, il "n'avait pas attendu d'être blessé pour rentrer en France" et n'avait "pas participé aux combats".
Un mandat de dépôt a été demandé à l'audience à leur encontre. Les trois hommes risquaient jusqu'à dix ans de prison pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", ces combattants ayant passé quelques semaines ou mois en Irak et en Syrie. Les autorités estiment à environ 700 le nombre de Français actuellement dans cette zone.