L'hydroxychloroquine serait efficace... pour prévenir les accidents de trottinettes électriques ! C'est ce qu'on pouvait lire ce week-end dans la revue scientifique Asian Journal of Medicine and Health. De vrais-faux médecins ont piégé une revue en publiant une étude totalement grossière qui démontre que les accidents de trottinettes électriques sont réduits grâce à l'hydroxychloroquine. L'objectif était de montrer toutes les études ne se valent pas et qu'il faut faire attention aux "revues prédatrices", qui publient principalement des auteurs à partir du moment où ils payent et non sur la qualité de leurs travaux.
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Didier Lembrouille et Sylvano Trottinetta à la tête de l'étude
Pourtant, tout est digne du canular, avec au départ d'incroyables noms d'emprunts comme Didier Lembrouille, du département de "Médecine nucléaire compliante de SFR" sur l'île de Guyane, ou Sylvano Trottinetta, du collectif "Laissons les vendeurs de trottinette prescrire". La vraie-fausse étude a été menée en trois temps. Les deux premiers dans les bureaux de l’auteur "avec du mobilier Ikea", et le troisième "dans un parking désaffecté à Montcuq", peut-on lire dans la publication. Pour la méthode, les auteurs se sont inspirés de l'IHU de Marseille : plus un échantillon est petit, plus ses résultats sont significatifs. Ainsi, la représentation des utilisateurs de trottinettes n'était assurée que par six participants.
BREAKING NEWS: Un article sorti dans la très sérieuse revue Asian Journal of Medicine and Health démontre la corrélation entre accidents de trottinettes et l'effet prophylactique de l'HCQ. https://t.co/qDC2UYfWtlpic.twitter.com/g0FILCCJ5H
— Mathieu M.J.E. Rebeaud (@Damkyan_Omega) August 15, 2020
Un échantillon de six participants, "Picsou Magazine" et "Les Bronzés" en référence
L’expérience était simple : il a été demandé aux sujets des deux groupes de monter sur une trottinette et de descendre une pente à 45° avec au bout un mur de briques en béton, en roulant le plus vite possible et en freinant au dernier moment. Dans le groupe des patients ayant reçu de l'hydroxychloroquine, seulement un participant est mort, rapporte la vraie-fausse étude. Mais ce dernier est décédé avant même d’être monté sur la trottinette !
Dans le groupe contrôle, sans traitement, deux personnes sont décédées. Deux contre un : l'hydroxychloroquine prévient donc les accidents de trottinettes. Les auteurs concluent même en citant un scientifique français, Jean-Claude Dusse : "On ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher".
Pourtant, l'étude a bien été relue avant d'être publiée
Dans une très longue note de blog, l'un des auteurs du canular explique pourtant que leur vraie-fausse étude a bien été relue. "C'est devenu carrément lunaire ! Le pire ce sont les relecteurs qui ont visiblement lu (traduit ?) des passages, et qui ont fait des remarques complètement hors-sol, comme par exemple : 'Wikipedia n’est pas une source validée'", raconte-t-il. "Mais Picsou Magazine, YouTube ou Dropbox, ça passe !", continue le médecin généraliste. Samedi 15 août, l'article était publié. Consulté lundi, le site du Asian Journal of Medicine and Health avait retiré l'étude. Elle a cependant été archivée par Michael sur son blog.