Imad Lahoud, le fonds Volter et la justice
Imad Lahoud et un ex-collaborateur de Chirac sont jugés depuis mercredi pour escroquerie.
Reporté en septembre dernier, le procès de la faillite du fonds Volter s'est finalement ouvert mercredi matin devant le tribunal correctionnel de Paris. Le mathématicien Imad Lahoud, l'un des principaux protagonistes de l'affaire Clearstream, et son beau-père François Heilbronne r, un ancien collaborateur de Jacques Chirac, doivent répondre de la faillite de ce fonds spéculatif. C'était en 2000.
Accusés d’escroquerie
Imad Lahoud, 44 ans, par ailleurs condamné en septembre à trois ans de prison dont 18 mois ferme pour avoir falsifié des listings bancaires dans l'affaire Clearstream, est accusé d'"escroquerie" et "faux". François Heilbronner, 75 ans, doit lui répondre d'"escroquerie", et une ancienne employée du fonds de "faux" et "complicité d'escroquerie". La justice reproche aux prévenus d'avoir établi de fausses valorisations des parts du fonds Volter, qui auraient trompé les parties civiles et autres investisseurs.
Sur le banc des parties civiles, sont attendus cinq établissements financiers et un assureur, GAN Assurances, qui avaient perdu de l'argent, une trentaine de millions de dollars, après avoir investi dans ce fonds spéculatif, créé en 1997 par Imad Lahoud et François Heilbronner et immatriculé dans les Iles vierges britanniques.
La défense pointe des "lacunes"
Le fonds Volter était géré par la société HL Gestion, présidée par François Heilbronner, ancien collaborateur de Jacques Chirac. L’homme a notamment été directeur adjoint de son cabinet à Matignon entre 1975 et 1976 et brièvement en 1986, avant de diriger l'assureur GAN de 1986 à 1994. Son implication était donc un gage de sérieux pour les investisseurs potentiels, souligne l'accusation.
Me Laurence Dauxin, avocate d'Imad Lahoud, a pourtant souligné que son client, qui a fait trois mois et demi de détention provisoire en 2002, "n'a jamais reconnu de responsabilité". L’avocate affirme aussi que l'un des intervenants, la banque NSMD - aujourd'hui devenue Neuflize OBC, partie civile au procès - qui était chargée d'exécuter pour le compte du fonds les ordres d'opérations sur les marchés, "était là pour vérifier ce qui se passait et n'a pas joué son rôle". Enfin, Me Laurence Dauxin dénonce des "lacunes" dans l'instruction du dossier.
Un nouveau report ?
Les prévenus doivent être jugés jusqu'au 9 décembre. La défense d'Imad Lahoud avait tenté d'obtenir un nouveau délai en déposant une "question prioritaire de constitutionnalité" mettant en avant la notion de délai raisonnable. En vain.