Les manifestations de samedi ont été réprimées en Algérie, mais Fodil Boumala, cofondateur de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), ne faiblit pas.
Alors que son mouvement, qui regroupe les partis d’opposition, avait appelé à manifester samedi, il a été arrêté trois heures par la police. "Ils ont arrêté beaucoup de femmes, de jeunes filles, d’hommes, ils m‘ont kidnappé de la même façon. Ils m’ont mis au commissariat d’Alger centre (…) Ils nous ont retenu pendant plus de deux-trois heures", témoigne le militant au micro d’Europe 1.
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La manifestation à Alger était interdite, et le blocage de la rue par la police, ainsi que les nombreuses interpellations, ont fait tourner court cette marche d’opposition au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika. "Bien sûr, la marche était interdite par les pouvoir publics. Ils (ndlr les policiers) nous ont parlé d’une tentative de coup contre le pouvoir", raconte Fodil Boumala, avec qui la conversation a été étrangement coupée par une musique au moment où la répression policière était évoquée.
Lui et ses compagnons ont dû forcer le dispositif de sécurité pour se retrouver Place de la Concorde, plus connue des Algérois sous le nom de Place du 1er Mai.
"Un changement radical du pouvoir"
"L’atmosphère est très tendue, tout le monde est déterminé à aller jusqu’au bout dans le sens d’un changement radical du pouvoir c’est un pouvoir qui n’a aucun respect ni pour la société, ni pour la constitution, ni pour les lois que lui-même a mis en place. C’est un système corrompu", lance l’opposant algérien.
Interrogé sur une contagion possible des mouvements démocratiques tunisien et égyptien en Algérie, l'universitaire et écrivain la souhaite : "c’est le tour de tous les régimes totalitaires, c’est le tour de tous ceux qui s’accrochent au pouvoir contre les libertés et l’ouverture du système politique de cette région, aussi bien au Maghreb qu’au Moyen-Orient".
2.000 manifestants à Alger
Les manifestants étaient au nombre de 2.000 à Alger samedi. Face à eux, 30.000 hommes des forces antiémeutes quadrillaient le centre de la ville de plus de trois millions d'habitants.
Les manifestants ont brandi une large banderole qui proclamait : "Système dégage", et scandé des slogans qui faisaient échos à ceux criés en Tunisie et en Egypte notamment "Algérie Libre" en arabe, "Le régime dehors !".
Pour la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH), plus de 300 personnes auraient été interpellées à Alger, Oran, dans l'Ouest du pays, et à Annaba, dans l'Est.