Un précieux sésame. Au Liberia, survivre à Ebola, ce n'est pas encore revivre normalement. Peurs, suspicions, le climat d'anxiété ambiant ne permet pas toujours aux patients guéris de réintégrer pleinement la société. Alors pour lutter contre cette exclusion, la meilleure arme de ces survivants, c'est un certificat de guérison, délivré à la sortie de l'hôpital. Quand Julius montre le précieux sésame à l'envoyée spéciale d'Europe 1, il le manipule avec mille précautions pour ne pas le froisser.
>> Ecoutez aussi le reportage sur place de l'envoyée spéciale d'Europe 1 Gwendoline Debono :
Un sauf-conduit pour affronter la stigmatisation. Et pour cause, cette feuille de papier, c'est son laissez-passer pour être accepté par les gens "sains". "Cela m'aide beaucoup pour affronter la stigmatisation, j'en ai toujours une photocopie sur moi. L'autre jour par exemple, je voulais rentrer dans une banque, mais ils étaient méfiants. Ils voulaient tester ma température, alors j'ai dit à la sécurité 'J'ai survécu à Ebola'. Le vigile était un peu surpris mais je lui ai montré mon certificat. Il s'est exclamé 'Waouh'. Et il m'a laissé entrer," raconte-t-il.
>> Pourquoi Ebola revient-il en force maintenant ? La réponse avec la rédaction d'Europe 1:
Pourquoi Ebola revient-il en force maintenant ?par Europe1fr"Les maux de tête me rendaient fou". Plus qu'un survivant, Julius est un revenant. Les premiers symptômes sont apparus chez lui fin juillet, alors qu'il soignait une malade de retour d'un enterrement dans la clinique où il travaillait. A mesure qu'il évoque ses souvenirs de souffrance, son sourire se transforme en grimace. Les nausées, les sueurs, la fièvre, les maux de tête à en devenir fou, toute cette souffrance le pousse à se rendre au centre de prise en charge dix jours après le début de la maladie. Non pas pour y être soigné, mais, il en est alors convaincu, pour y mourir. Il tombe dans le coma, mais se réveille quelques jours plus tard.
Ressuscité plus que soigné. Il reste là, prostré. Sa famille elle-même croit à sa mort. Et pour cause : les gardes leur annoncent le décès de Julius. Alors quand il sort guéri du centre, son certificat en poche, le survivant l'affirme, c'est un peu comme s'il avait "ressuscité".