L’info. C'est un petit coup de pouce à la nature qui fait froid dans le dos. Des scientifiques chinois ont annoncé avoir créé un nouveau type de virus en mélangeant des gènes de la grippe aviaire H5N1, souvent mortelle, et de la pandémie H1N1, hautement contagieuse. Le but ? Aider à la création d'un vaccin. Annoncée vendredi dans la revue Science, cette découverte interpelle, alors que la grippe aviaire H7N9 vient de tuer quatre nouvelles personnes en Chine.
> A LIRE AUSSI : Quatre décès en Chine liés au virus H7N9
Un virus mortel, l’autre contagieux. En mélangeant les caractéristiques des deux virus, les chercheurs de l’Académie des sciences agricoles chinoise et ceux de l’Université agricole du Gansu ont créé une véritable machine à tuer. D’un côté, le virus H5N1, mortel dans 60% des cas d’infection, ne peut se transmettre d’humain à humain et a fait 374 morts sur 628 personnes contaminées depuis 2003. De l’autre, le virus H1N1, hautement contagieux. Pendant la pandémie de 2009-2010, un cinquième de la population mondiale a été infectée. Pas plus mortel qu’une grippe ordinaire, il avait fait 18.000 morts dans le monde.
Des tests sur des cochons d’Inde. Les scientifiques chinois ont testé leur invention sur des cochons d’Inde. Bilan ? Leur virus hybride se transmet facilement par les voies respiratoires. Les chercheurs estiment que le virus H5N1 n’aurait besoin que d’une simple mutation génétique pour pouvoir se transmettre d’un mammifère à un autre. Ce n’est pas la première fois que des chercheurs font muter le virus H5N1 : en 2012, des Néerlandais avaient mené des expériences similaires, testées cette fois sur des furets, note Le Parisien.
> A LIRE AUSSI : Et la science créa un virus mutant H5N1
Pourquoi créer une telle machine à tuer ? Pour les scientifiques, de telles expériences permettent de prouver par exemple que si les deux types de virus venaient à se rencontrer dans la nature, ils pourraient s’associer facilement. En créant ce mélange viral en laboratoire, les chercheurs peuvent ainsi mieux se préparer à son éventuelle apparition dans la nature et s’atteler à la création d’un vaccin, explique le site Futura-Sciences.
Une expérience trop risquée. Sauf que pour une partie de la communauté scientifique, les chercheurs chinois sont allés trop loin.Simon Wain-Hobson, de l’Institut Pasteur, a ainsi expliqué que ce nouveau virus a le potentiel pour provoquer "entre 100.000 et 100 millions de morts". Les souches hybrides dont conservées dans un congélateur, mais une erreur ou une fuite est toujours possible. Pour Robert May, ancien président de l’Académie des sciences britannique, les chercheurs chinois "assurent qu’ils font cela pour aider à développer des vaccins", explique-t-il dans le quotidien The Independent. Mais cet éminent professeur explique que "la véritable raison, c’est qu’ils sont poussés par une ambition aveugle, sans le moindre sens commun".