Des centaines de personnes _ rescapés, mais aussi avocats et experts _ ont participé samedi à Grosseto à une maxi-audience concernant le naufrage du Costa Concordia. Il s’agissait là d’une étape judiciaire obligée avant un procès qui pourrait ne pas s'ouvrir avant deux ans.
Encore traumatisés, les rescapés ont exprimé leur colère en se remémorant la soirée du drame : « on a dû tout faire tout seul, tellement de choses ont été mal faites, en si peu de temps", se rappelle l'un d'entre eux, Giacomo Brignone.
Dans la foule samedi Hilaire Blémand, père du jeune Français Mickaël Blémand, toujours porté disparu avec sa fiancée de 23 ans, Mylène Litzler. Aux journalistes qui lui demandaient comment il se sentait aujourd'hui, il a répondu, les larmes aux yeux : "très mal, très mal". Le père de Mylène, Alain Litzler, s'est dit frustré par l'audience très "technique et juridique".
Absent omniprésent : "le capitaine-poltron"
Le principal protagoniste de cette catastrophe qui a fait 32 morts, le commandant Francesco Schettino n'avait pas fait le déplacement. Assigné à résidence, celui que la presse surnomme "le capitaine-poltron" est "inquiet pour sa sécurité", avait expliqué la veille l'un de ses avocats.
"C'est aussi bien que Schettino ne vienne pas", a réagi un rescapé, Sergio Amarotto. "Il n'a fait que dire un mensonge après l'autre pour se couvrir".
Devant les juges, l'avocat du capitaine, Me Bruno Leporatti, a répété la thèse de son client: "il n'a pas volontairement quitté le navire" _ Schettino a affirmé avoir glissé dans une chaloupe _ et "la compagnie Costa a été constamment et complètement informée de ce qui se passait à bord du navire".
Le capitaine est poursuivi pour avoir abandonné son navire alors que l'évacuation des passagers étaient en cours. Et samedi, le procureur Francesco Verusio l'a également accusé de "destruction de l'environnement dans un site protégé".
La compagnie Costa privée du statut de "partie lésée"
Neuf employés de la compagnie Costa sont poursuivis pour homicide par imprudence, naufrage et défaut de communication aux autorités maritimes. La compagnie Costa s'est vu refuser le statut de "partie lésée" qu'elle revendiquait. Mais elle "reste dans le procès comme partie qui a subi un dommage avec la perte du navire", a expliqué l'avocat de Costa Crociere, Marco De Luca.
Une nouvelle audience a été programmée pour le 21 juillet, date à laquelle les experts devront rendre les conclusions de leurs analyses.