Vous reprendrez bien un peu de bœuf ? Peut-être pas, après avoir lu une enquête du Sunday Times parue dimanche dernier. D'après le journal britannique, la Grande-Bretagne exporterait du bœuf infecté par le germe de la tuberculose en France ainsi qu'aux Pays-Bas et en Belgique. C'est même une agence vétérinaire publique qui achète les animaux pour les revendre à un abattoir qui les exporte ensuite. Sans étiquetage particulier.
Aucun cas de contamination recensé. La viande évoquée par le Sunday Times n'aurait en tout cas rien d'illégal : les autorités britanniques considèrent que le risque de contamination à l'homme est "très faible" et l'agence de sécurité sanitaire, la Food Standards Agency, rappelle, de son côté, qu'elle n'a recensé aucun cas de contamination d'homme à la tuberculose bovine en mangeant de la viande, selon The Independent. "Toute viande provenant d'un troupeau abattu à cause de la tuberculose bovine doit être soumis à des contrôles alimentaires rigoureux avant d'être déclaré apte à la consommation", ajoute un porte-parole du département britannique cité sur le site du quotidien.
Tesco et McDo ont refusé la viande. Sur le sol britannique également, 28.000 bêtes testées positives à la tuberculose bovine sont consommées chaque année, selon une précédente enquête du Sunday Times. La vente des carcasses rapporte 10 millions de livres par an au ministère de l'agriculture britannique. Les supermarchés Tesco, Sainsbury's, ou Waitrose et les chaînes de fast-food McDonald's et Burger King ont refusé de vendre cette viande, rapporte également Le Figaro. En revanche, des entreprises de restauration collective l'achètent pour la servir dans les cantines scolaires et militaires, les hôpitaux, dans des plats préparés et peut-être dans des aliments pour animaux.
"Pas de danger", dit le ministère de l'Agriculture français. En France, une centaine de foyers de tuberculose bovine sont recensés chaque année, un chiffre en augmentation depuis 2004, selon l'Agence de sécurité sanitaire. Pourquoi des carcasses testées positives auraient-elle été importées de Grande-Bretagne ? Contacté par Europe1.fr, le ministère de l'Agriculture a tenu à désamorcer la polémique : "en matière de tuberculose, il y a une règlementation européenne", a expliqué Jean-Luc Angot, directeur général adjoint de la direction générale de l'alimentation. "Quand un animal est testé positif, il est soumis à une inspection post-mortem. A ce moment-là, il y a trois cas de figure : soit on ne trouve pas de lésions tuberculeuses, et la viande ne présente aucun risque ; soit on trouve quelques lésions localisées, auquel cas on les enlève et le reste de la viande peut être envoyé dans le circuit de consommation sans danger ; soit la tuberculose est généralisée, et l'animal est envoyé à l'équarrissage." En France, une centaine de bêtes sont ainsi sorties du circuit alimentaire chaque année, explique le ministère.
Selon Jean-Luc Angot, il n'y a d'ailleurs aucun cas recensé en France de tuberculose contractée après avoir mangé de la viande : "L'Institut National de Veille Sanitaire recense une dizaine de cas de contamination humaine de la tuberculose, mais aucun n'est dû à la consommation de viande : il s'agit d'infections par contact, qui touchent principalement les éleveurs. Elles sont d'ailleurs considérées comme des maladies professionnelles."
"C'est surréaliste". Si l'importation de viande infectée est avérée, ce serait "surréaliste", juge pour sa part Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne interrogé par le Sunday Times. "Cette pratique devrait être immédiatement arrêtée. (…) Comme pour le scandale de la viande de cheval, le principe de précaution devrait s'appliquer lorsqu'il s'agit d'alimentation et de santé."
En attendant, on peut opter pour l'humour tout britannique du rédacteur en chef de The Independent : "De toute manière, la vache morte que vous pensez manger, celle qui a la tuberculose, c'était en fait un cheval. Relax."