"Si la population veut que je mène la transition, alors je ne la décevrais pas". L'opposant au pouvoir égyptien, Mohamed ElBaradei, s'est exprimé jeudi de Vienne, en Autriche, quelques heures avant de revenir dans son pays. "Si le régime venait à recourir à la force, cela serait complètement contre-productif. Cela conduirait à une situation terrible", a-t-il prévenu. Le prix Nobel de la paix surfe sur la vague de protestation en cours en Egypte depuis plusieurs jours, réplique du séisme provoqué en Tunisie par le départ de Ben Ali, le 14 janvier.
Mohamed ElBaradei veut participer à des manifestations vendredi, qui s'annoncent selon lui "massives". L'opposant a déjà mis en garde les autorités : "Si le régime venait à recourir à la force, cela serait complètement contre-productif". Les manifestations en Egypte ont déjà fait sept morts depuis mardi.
1.000 manifestants arrêtés
Des milliers de manifestants se sont réunis jeudi lors d'une "journée de colère", pour obtenir le départ du chef de l'Etat, Hosni Moubarak, au pouvoir depuis trois décennies. L'opposition réclame des réformes politiques, économiques et sociales. Au moins 1.000 personnes ont été arrêtées en deux jours de manifestations sans précédent.
Les forces de l'ordre étaient massivement présentes dans le centre du Caire pour faire face aux manifestations. A Suez, la police a tiré des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes ainsi qu'au canon à eau face aux centaines de personnes manifestant pour une troisième journée consécutive dans cette ville de l'est du pays. Un porte-parole du gouvernement a assuré que la police égyptienne fait preuve d'une retenue maximale face aux manifestations hostiles à Hosni Moubarak mais elle réagit "avec fermeté" à Suez face aux actes de vandalisme.
Une augmentation de la vie chère
Le diplomate égyptien Boutros Boutros-Ghali, joint par Europe 1, estime pour sa part que "le véritable problème, c'est une augmentation de la vie chère pour la classe pauvre". L'ancien secrétaire général de l'ONU est favorable aux manifestations. "Nous sommes pour le droit à la manifestation, mais que cette manifestation ait lieu dans un cadre pacifique et évite les débordements et les pillages", précise l'homme d'Etat.
Conséquence de cette crise, la bourse du Caire a connu une forte chute des cours vendredi entraînant une suspension provisoire de la séance qui n'a pas permis d'enrayer la baisse. Les échanges accusaient une baisse de plus de 9%, peu avant midi.
Les manifestations en Egypte sont les plus importantes depuis l'arrivée au pouvoir en 1981 d'Hosni Moubarak, âgé de 82 ans. Le président égyptien est l'objet de critiques pour n'avoir notamment jamais levé l'état d'urgence en place depuis près de 30 ans.