L’INFO. Les Etats-Unis cherchaient activement à l’identifier, le quotidien britannique The Guardian dévoile son visage. C’est depuis Hong Kong, où il s’est exilé, qu’Edward Snowden, explique à visage découvert dans une vidéo publiée sur le site du quotidien, pourquoi il a fait fuiter des informations sur le programme américain de surveillance des communications. Le jeune homme avait révélé, la semaine dernière, que l'administration américaine collectait des données auprès de grands opérateurs internet et des réseaux sociaux, par le biais d'un programme secret baptisé PRISM.
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Caché dans un grand hôtel. Depuis le 20 mai 2013, ce jeune homme de 29 ans se cache dans un hôtel de Hong Kong, d’où il a contacté les journalistes, du Guardian et du Washington Post, pour révéler l’affaire. Ex-technicien à la CIA, Edward Snowden travaillait depuis quatre ans à l'Agence de sécurité nationale (NSA) -dont il a révélé des documents confidentiels- en tant qu'employé de divers sous-traitants, dont Dell ou Booz Allen Hamilton, son dernier employeur.
"Mon unique objectif est d'informer les gens de ce qui est fait en leur nom et de ce qui est fait contre eux", assure-t-il.
Entretien avec Edward Snowden publié par le site du Guardian (en anglais) :
"Aucune idée de ce que sera mon avenir". "Je n'ai aucune idée de ce que sera mon avenir", confie le jeune homme, disant espérer que Hong Kong ne l'extrade pas vers les Etats-Unis, ce que réclame Pete King, président de la commission du contre-terrorisme et du renseignement de la Chambre des représentants. Le représentant républicain Pete King a appelé à traduire rapidement Snowden devant la justice. "Nous devrions commencer les procédures d'extradition (avec Hong Kong) dès que possible", a plaidé sur CNN l'élu, membre de la commission à la Sécurité intérieure, craignant que la Chine le garde "et obtienne des informations sur ce qu'il sait de nos (programmes) dans le monde entier".
Edward Snowden dit envisager de demander l'asile à l'Islande, réputée pour soutenir "ceux qui défendent la liberté sur internet". Mais l'Islande a indiqué lundi n'avoir reçu aucune demande de Snowden et a rappelé que toute personne qui souhaitait obtenir l'asile politique devait d'abord venir sur son territoire. A Hong-Kong, la députée pro-Pékin Regina Ip, ancienne secrétaire à la Sécurité du gouvernement, a jugé que la ville serait "obligée d'honorer les accords" passés avec les Etats-Unis. Elle a enjoint Snowden à partir de son propre chef.
Qui est-il ? Quelques éléments nouveaux sur la vie du jeune homme sont apparus lundi. Edward Snowden semble avoir modestement contribué en 2012 à la campagne présidentielle de Ron Paul, un ultra-libéral farouche défenseur des libertés individuelles et de l'économie de marché. Selon la commission électorale américaine (FEC), un "Edward Snowden" a donné deux fois 250 dollars à Ron Paul en mars et mai 2012, durant la campagne des primaires du parti républicain, remportée au final par Mitt Romney.
La "source" sur la NSA a aussi essayé, en vain, d'intégrer les forces spéciales de l'armée américaine. "Son dossier nous indique qu'il s'est engagé dans l'armée comme recrue des forces spéciales (...) le 7 mai 2004 mais a été relevé (de ses fonctions) le 28 septembre", a indiqué dans un email lundi au Guardian, un porte-parole de l'armée, George Wright. "Il n'a effectué aucun entraînement ou reçu aucune récompense", a-t-il ajouté.
Deux programmes incriminés. La semaine dernière, les deux quotidiens américain et britannique ont fait la lumière successivement sur deux programmes secrets de l'Agence nationale de sécurité (NSA). L'un concerne la récolte depuis 2006 des données d'appels téléphoniques aux Etats-Unis par l'opérateur Verizon, et vraisemblablement d'autres opérateurs. L'autre programme, appelé PRISM, vise à intercepter les communications d'internautes étrangers, se situant hors des Etats-Unis, sur neuf grands réseaux sociaux comme Facebook.
Les ravages des révélations. La révélation de son identité est survenue peu de temps après la diffusion d'extraits d'un entretien accordé à ABC News par le directeur du renseignement américain, James Clapper. Dénonçant à nouveau les "ravages" causés par les révélations du Guardian et du Washington Post, James Clapper avait annoncé qu'une enquête avait été ouverte pour découvrir l'origine de ces fuites.
Des journalistes intimidés. Interrogé dimanche matin sur ABC, le journaliste du Guardian Glenn Greenwald avait quant à lui dénoncé une volonté d'"intimider les journalistes et leurs sources". "Chaque fois (...) que quelqu'un dévoile les méfaits du gouvernement, la tactique consiste à le diaboliser et le présenter comme un traître", a ajouté le journaliste.
Une affaire Manning bis ? Cette affaire rappelle le cas de Bradley Manning, le soldat américain actuellement jugé en cour martiale pour avoir communiqué en 2010 au site WikiLeaks quelque 700.000 notes confidentielles de l'administration américaine.