Le premier président noir des Etats-Unis, mobilisé dans la dernière ligne droite avant un scrutin du 5 novembre qui s'annonce serré au possible, n'a pas mâché ses mots jeudi dans l'Etat-clé de Pennsylvanie, face aux sondages qui montrent depuis des semaines que certains Afro-Américains sont plus tentés par le tribun républicain qu'en 2020.
"Cela me pose un problème. Cela me fait penser que vous n'aimez pas l'idée d'avoir une femme à la présidence", a déclaré sans ménagement Barack Obama, à l'adresse de ses "frères" qui hésitent à rallier la vice-présidente et candidate démocrate.
Il a aussi appelé les hommes en général à ne pas confondre "l'intimidation et le fait de rabaisser les gens" avec "un signe de force".
Kamala Harris, qui n'insiste absolument pas sur le fait qu'elle pourrait devenir la première femme présidente des Etats-Unis, comme l'avait fait Hillary Clinton en 2016, cherche elle-même à atteindre davantage l'électorat masculin.
Chasse et pêche
La semaine prochaine, elle s'invitera dans une émission animée par Charlamagne Tha God, un animateur de radio et humoriste très populaire, notamment auprès des jeunes adultes afro-américains.
Elle a récemment accordé un entretien à Howard Stern, un autre animateur de radio connu dans le passé pour ses provocations salaces, et qui a chanté les louanges de la vice-présidente.
La démocrate a aussi participé au podcast de deux anciens basketteurs stars de la NBA. Sans oublier ses références fréquentes à l'arme qu'elle possède : un pistolet semi-automatique Glock.
Son équipe de campagne parie que le message sur la compétence de Kamala Harris aura encore plus de portée s'il est relayé par des hommes, face à l'ancien président républicain dont la rhétorique est tout entière basée sur l'idée de puissance.
Vendredi son colistier, Tim Walz, est allé sur la chaîne ABC vanter son passé d'entraîneur de football américain, sport rude s'il en est, lors d'un entretien avec un ancien joueur professionnel.
Samedi, ce jovial gouverneur du Minnesota emmènera un groupe d'influenceurs chasser le faisan: autant de manières de jouer sur les codes traditionnels de la masculinité. L'équipe Harris-Walz a d'ailleurs annoncé vendredi le lancement d'une campagne nationale pour mobiliser "les chasseurs et les pêcheurs".
Trump et une émission 100% féminine
Dans un récent sondage New York Times/Siena, Donald Trump avait une avance de 11 points sur Kamala Harris auprès des hommes, tandis que la démocrate le précédait de 15 points auprès des femmes.
La stratège conservatrice Sarah Longwell souligne que dans un contexte de crises internationales, Kamala Harris bute sur certains préjugés misogynes, qu'elle observe d'ailleurs autant chez les électrices que chez les électeurs, lesquels "s'inquiètent de la faculté d'une femme à tenir tête aux dictateurs et aux autocrates".
Dans un podcast du site Politico, elle n'en pense pas moins qu'au bout du compte, ce sont les électrices qui peuvent ouvrir les portes de la Maison Blanche à Kamala Harris: "Elle devrait essayer de faire mieux auprès des hommes. Mais il lui faudra compter sur le fait que les femmes votent plus. Je pense que c'est comme ça qu'elle gagnera."
Son adversaire républicain a bénéficié en 2016 et 2020 d'un soutien robuste de la part des femmes blanches, sensible à son message musclé sur l'économie et la sécurité.
Il se présente désormais comme leur "protecteur". Si Donald Trump et son équipe misent beaucoup sur la mobilisation des jeunes hommes, un groupe qu'il voudrait motiver à voter davantage, le républicain essaie aussi de diversifier son audience.
Mardi, il enregistrera une émission de la chaîne Fox News, lors de laquelle il sera interrogé par une audience exclusivement féminine sur les sujets intéressant les femmes. Elle sera diffusée mercredi.