Le G20 s'achève sur des compromis. Les Etats-Unis, plusieurs pays européens, le Japon et quelques nations émergentes (Chine, Brésil ou Inde) se sont réunis samedi et dimanche pour essayer de s’accorder sur les mesures à prendre pour relancer la croissance. Au menu de ce sommet figurait la régulation financière, avec notamment un projet de taxes bancaires.
Une taxe ou d'autres options
Mais le G20 a abandonné l'idée de mettre en place de façon coordonnée une taxe spécifique au secteur bancaire, aux dires de ses promoteurs européens qui entendent tout de même aller de l'avant dans ce domaine. Néanmoins, les vingt dirigeants ont affirmé dimanche qu'ils avaient le choix entre une taxe sur les banques et "d'autres options" pour que les Etats ne supportent pas le coût de la crise financière, selon le communiqué final du sommet.
Le président français Nicolas Sarkozy s'est félicité, à l'issue d'un sommet, de la reconnaissance par ce groupe de pays riches et émergents de la légitimité de la taxe sur les banques, que la France avec d'autres pays européens veut imposer. "Très clairement, la possibilité de taxer les banques est reconnue comme légitime par le G20", a-t-il déclaré.
Réduire le déficit
Les dirigeants se sont également engagés à réduire les déficits, mais selon des modalités propres à chacun d'entre eux, censées ne pas compromettre la reprise économique naissante. Unis pour soutenir la croissance, mais partagés sur le meilleur moyen de la consolider, les chefs d'Etat et de gouvernement ont ainsi trouvé un consensus sur ce dossier qui représentait le principal point d'achoppement entre Européens soucieux de réduire leur fort endettement et Etats-Unis désireux de soutenir la consommation pour dynamiser la croissance économique.
L'hôte canadien avait souhaité un engagement chiffré : réduire de moitié les déficits d'ici à 2013 et faire diminuer la dette publique rapportée au Produit intérieur brut avant 2016. Ce compromis a été repris dans la déclaration finale du G20, selon un projet de texte. Les plans de réduction des déficits devront être adaptés aux conditions particulières de chaque pays concerné, pour ne pas compromettre la reprise économique, ajoute le texte.
Merkel contente
"C'est plus que j'attendais, c'est un succès", s'est félicitée devant la presse la chancelière allemande Angela Merkel, qui a lancé un vaste plan d'économies pour montrer l'exemple à ses partenaires européens. "Nous avons aussi le terme de réduction du déficit favorable à la croissance", a ajouté la chancelière, relevant que l'expression était le résultat des discussions avec les Etats-Unis, qui se sont inquiétés de la possibilité que trop de rigueur en Europe n'étouffe la croissance.
"Nous, Européens, pouvons dire que notre voie a trouvé un soutien", a-t-elle encore affirmé. Les Etats-Unis avaient pourtant exercé une forte pression sur leurs alliés européens, accusés de compromettre la reprise mondiale par des politiques d'austérité trop restrictives. Ministre des Finances de la première économie mondiale, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner avait insisté samedi pour que le sommet de Toronto porte "fondamentalement sur la croissance", car "les cicatrices de la crise sont toujours là".
La prudence de rigueur
"La reprise demeure fragile", a aussi averti le Premier ministre canadien Stephen Harper, en ouvrant la séance de travail dimanche matin. Ces propos ont trouvé un écho auprès du ministre brésilien des Finances, Guida Mantega, qui a craint que les Européens, "au lieu de stimuler la croissance, prêtent plus d'attention à l'ajustement budgétaire".
De même, le président chinois Hu Jintao a appelé le G20 à "agir de manière prudente et adéquate concernant le calendrier, le rythme et l'intensité de l'arrêt des ensembles de mesures de relance, et consolider l'élan de la reprise de l'économie mondiale".
Quant à la réforme de la régulation financière, elle repose principalement sur le renforcement des normes de fonds propres imposées aux banques. Mais ce sera davantage l'objet du prochain sommet à Séoul en novembre.