La controverse ne faiblit pas en Tunisie après des déclarations de Rached Ghannouchi filmé à son insu. On peut y voir le chef d'Ennahda, le parti islamiste au pouvoir, encourager les salafistes au détriment des laïcs. Le film a été largement relayé sur les réseaux sociaux.
"Un enregistrement vidéo scandale"
"Nul islamiste ne peut nier que M. Ghannouchi a clairement insisté dans la vidéo sur la nécessité d'extirper les laïcs des places fortes de l'Etat", s'alarme ainsi le journal Le Quotidien. "La vérité du projet salafiste de Rached Ghannouchi dévoilé", titre de son côté le quotidien arabophone Le Maghreb parlant d'"un enregistrement vidéo scandale".
Ghannouchi filmé à son insu :
Dans la vidéo, Rached Ghannouchi demande aux salafistes de faire preuve de "sagesse" pour asseoir leur pouvoir face aux laïcs qui contrôlent encore médias et institutions et "qui peuvent rebondir après leur échec" aux élections d'octobre 2011.
Il met également en garde contre la résurgence du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) - parti de l'ex-président Ben Ali, dissout en mars 2011 - en déclarant: "l'armée et la police ne sont pas sûres et les Rcdistes sont de retour".
Double discours ?
Juste après la diffusion de cette vidéo, Ennahda a affirmé que la rencontre entre son chef et un groupe de jeunes salafistes remontait au mois de février et que ses déclarations avaient été l'objet d'un montage visant à les sortir de leur contexte.
Le gouvernement dirigé par Ennahda est accusé de laxisme envers les salafistes et Rached Ghannouchi est souvent taxé de double discours : le 14 septembre dernier, il avait qualifié les salafistes jihadistes de "danger" et prôné la fermeté dans la foulée de l'attaque de l'ambassade américaine à Tunis.