Les deux poids lourds de l'Europe semblent s'accorder pour mettre la pression sur la Grèce. François Hollande et Angela Merkel ont appelé de concert, jeudi à Berlin, Athènes à poursuivre ses efforts de rigueur budgétaire, avant de se retrouver pour un dîner de travail à la chancellerie.
"Nous voulons, je veux que la Grèce soit dans la zone euro", a d'abord déclaré le chef de l’État français. Avant d'ajouter "il appartient aux Grecs de faire les efforts indispensables pour que nous puissions atteindre cet objectif", a-t-il averti lors d'une brève déclaration.
De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel a souligné qu'il était "important que tous tiennent leurs engagements" et indiqué qu'elle voulait "encourager Athènes à poursuivre les réformes". Elle ne s'est en revanche pas exprimée clairement sur le maintien de la Grèce dans la zone euro.
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La zone euro prend son temps, la Grèce en veut plus
Les deux dirigeants européens n'ont donc pas répondu à la requête majeure du gouvernement grec : avoir plus de temps.
Athènes doit en effet mettre en place, d'ici 2014, un nouveau plan d'économies indispensable de 11,5 milliards pour débloquer le versement à la Grèce d'une tranche de 31,5 milliards en septembre, dans le cadre de son plan de sauvetage de 130 milliards d'euros. L'Allemagne a jusqu'ici refusé de verser cette nouvelle tranche si les engagements d'Athènes n'étaient pas tenus. Athènes assure qu'ils le seront, mais demande deux ans de plus pour le faire.
" Tout ce que nous voulons, c'est une 'bouffée d'air' afin de permettre à l'économie de fonctionner et d'augmenter les revenus de l'Etat. Plus de temps ne veut pas forcément dire plus d'argent", avait insisté mercredi le Premier ministre grec, Antonis Samaras dans une interview au journal Bild.
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Angela Merkel a répété jeudi qu'elle souhaitait "attendre le rapport de la troïka" des créanciers d'Athènes (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international) qui doit être rendu public fin septembre avant toute nouvelle décision sur une aide à la Grèce.
Les deux responsables allemand et français accueilleront le Premier ministre grec Antonis Samaras, respectivement vendredi à Berlin, et samedi à Paris.
"Donner substance à la cohésion économique"
Le couple Hollande-Merkel a également parlé zone euro en général. Pour François Hollande, il s'agit désormais en Europe de "mettre en œuvre" les "bonnes décisions, pour la croissance, pour la stabilité, pour la supervision bancaire" prises par le Conseil européen en juin.
Le 28 juin, les pays européen s'étaient mis d'accord pour améliorer le financement de l'économie à hauteur de 120 milliards d'euros pour des "mesures immédiates de croissance". La zone euro s'est également engagée à tout faire pour éviter une hausse brutale des taux d'emprunts des pays en difficulté, comme l'Italie et l'Espagne.
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Les États s'étaient, enfin, mis d'accord sur une taxe sur les transactions financières et sur la création d'une union bancaire en Europe. "Nous sommes favorables à aller plus loin, aller plus vite sur la supervision bancaire avec la Banque centrale européenne", a insisté le chef de l'Etat français jeudi soir.
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Paris et Berlin sont, enfin, en mesure selon François Hollande de "donner une substance, aussi bien sur le plan financier, économique et politique" à la feuille de route que le président de l'Union européenne prépare pour renforcer sa cohésion économique et monétaire.