"Nous ne pouvons pas accepter ce type de comportements". La phrase est signée François Hollande. Le président de la République a réagi avec virulence aux allégations d'écoutes de l'Union européenne par l'Agence nationale de sécurité américaine. Selon The Guardian, les services de renseignement américains ont bien espionné plusieurs pays européens. L’ambassade de France à Washington était ainsi surveillée, sous le nom de code "Wabash". Une situation qui embarrasse les États-Unis et agace les pays européens qui ont demandé des explications. Alors que les deux parties négocient un accord de libre-échange, les discussions s'annoncent houleuses. Europe1.fr fait le point sur ces négociations qui s'annoncent houleuses.
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L'accord de libre-échange reporté ? Le premier moyen de pression des pays européens est de menacer l'accord de libre-échange négocié en ce moment avec les États-Unis. Cette hypothèse a été évoquée par Viviane Reding, la commissaire européenne à la Justice, dès le premier jour des révélations. "On ne peut pas négocier sur un grand marché transatlantique s'il y a le moindre doute que nos partenaires ciblent des écoutes vers les bureaux des négociateurs européens", avait-elle annoncé.
Hollande se pose en leader. Une proposition soutenue par François Hollande. "On ne peut avoir de négociations, de transactions, sur tout domaine, qu'une fois obtenues ces garanties pour la France, et ça vaut pour toute l'Union européenne, et j'allais dire pour tous les partenaires des États-Unis", a-t-il indiqué en marge d'un déplacement à Lorient, dans le Morbihan. L'hypothèse la plus probable est donc celle d'un report de l'accord sur le libre-échange, et non celle de l'annulation, glisse un diplomate de l’Élysée à Europe 1.
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Dans ce dossier, François Hollande veut se poser en leader dans un bras de fer où la Commission Européenne n'a aucun poids diplomatique. Seuls les Etats semblent en effet en mesure de faire pression. Le président de la République a donc demandé à Laurent Fabius "de se mettre immédiatement en contact avec son homologue John Kerry pour avoir toutes les explications et toutes les informations". Ce qui a été fait lundi soir. Le ministre des Affaires étrangères a également reçu l’ambassadeur des Etats-Unis au Quai d’Orsay. Une discussion "courtoise" de 45 minutes, mais le message est passé. Et côté français, on se dit rassuré par les déclarations de Barack Obama. "La confiance doit se rétablir", juge le ministère des Affaires étrangères.
Les autorités américaines embarrassées. Pour l'instant, difficile de savoir la stratégie de communication de Washington. Officiellement, les États-Unis sont en train de vérifier la véracité des informations de presse. Mais le secrétaire d'Etat John Kerry a rappelé lundi matin que ces pratiques d'espionnage n'étaient pas vraiment rares. "Ce n'est pas inhabituel pour de nombreux pays" de rechercher des informations sur d'autres pays, a souligné le secrétaire d'Etat américain. D'après le Spiegel, les États-Unis interceptent en effet quelque 500 millions de communications, par téléphone ou internet, chaque mois en Allemagne et près de 50 millions en France.
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John Kerry a toutefois assuré qu'il répondrait aux questions sur ces pratiques d'espionnage de l'Union européenne. Mais maintenant que les opinions publiques et les entreprises sont au courant et choquées, elles vont réclamer des réponses détaillées et pas simplement l'assurance que tout est sous contrôle. Barack Obama a donc lui-même essayé de rassurer ses alliés en promettant, en marge de son voyage en Tanzanie, que son pays répondrait à toutes les questions. Mais pour l'heure, difficile de savoir sous quelles formes ses réponses seront apportées. L'agence du renseignement a suggéré dimanche la voie diplomatique, cela voudrait dire que les détails resteraient confidentiels. Pas sûr que les Européens s'en contentent.