Une organisation américaine de défense des droits civils et une des principales associations musulmanes des Etats-Unis ont déposé une plainte collective (federal class action) mardi contre le FBI, la police fédérale américaine. Elles l'accusent d'avoir envoyé dans plusieurs mosquées de Californie un informateur qui n’a pas hésité à utiliser une "rhétorique violente" pour pousser les fidèles à la faute.
L'organisation de défense des droits civils ACLU et l'association musulmane Cair accusent le FBI d'avoir utilisé un informateur pour "infiltrer, sous une fausse identité, plusieurs mosquées importantes du sud de la Californie", selon la plainte.
Il se présentait comme un franco-syrien
Depuis 2006 et seize mois durant, l'informateur du FBI Craig Monteilh aurait collecté des centaines de numéros de téléphones, de courriers électroniques, d'enregistrements audio de conversation.
Dans les mosquées d’Orange County, immense zone pavillonnaire de la banlieue de Los Angeles, il se présentait comme “Farouk Al-Aziz, un franco-syrien récemment converti à l’Islam“, précise le Los Angeles Times.
Dénoncé pour ses appels au Djihad
Problème : malgré des heures et des heures en immersion dans les mosquées, Craig Monteilh n’a débusqué aucun terroriste potentiel ou partisan du Djihad. Pire, la taupe a été démasquée après que des membres de la communauté musulmane ont alerté la police parce que l'agent sous couverture faisait preuve d'une "rhétorique violente".
Le pire est que l’espion amateur, Craig Monteilh, revendiquait dès 2009 dans Orange County Weekly avoir mis à jour une cellule terroriste locale et annonçait qu’il serait bientôt considéré comme un héros grâce aux nombreuses arrestations qu’il allait permettre. Au final, seul un immigré afghan a été arrêté… pour avoir trafiqué son visa. L’espion amateur a, lui, déjà eu affaire à la justice dans un vaste trafic de stéroïdes et d’hormones de croissance.
“Manœuvres dignes de l’ère McCarthy“
"L’enquête n'a pas donné lieu à la moindre condamnation en rapport avec la lutte antiterroriste", précise la plainte des deux associations, qui suspecte le FBI de n’avoir pas collecté des informations “en fonction de suspicions d'activités criminelles, mais simplement parce que les personnes en question sont des musulmans".
“Quand les musulmans sentent qu’ils sont considérés comme une communauté suspecte par les forces de l’ordre et le FBI, cela a vraiment un effet dévastateur sur les relations entre services de sécurité et musulmans américains“, a déploré Ibrahim Hooper, porte-parole du Cair, dans les colonnes du Christian Science Monitor. Les plaignants parlent même de “manœuvres dignes de l’ère McCarthy“, en référence à la chasse au communiste des années 60 qui a apporté son lot d’erreurs et d’abus.