Que feriez-vous si vous aviez perdu un précieux e-mail et que vous souhaitiez remettre la main dessus ? Bahram Sadeghi, le journaliste et réalisateur néerlandais d'origine iranienne, s’est posé cette simple question. Il n’a pas trouvé d’autre solution que de passer un coup de fil… à l’Agence nationale de sécurité (NSA) américaine, au cœur d’un programme de surveillance qui a fait polémique et qui a été révélé par Ed Snowden. Ce canular vidéo qui circule depuis quelques jours a fait le tour des Pays Bas et de la planète, relate Le Monde.
La NSA, une organisation "fiable"
Pour appeler la NSA ? Rien de plus simple. Bahram Sadeghi va sur Internet et tombe sur un numéro de téléphone. Il branche Skype et enregistre. Au bout du fil, une dame très polie. "Je suis bien à la NSA ?", demande Bahram Sadeghi. "Mmmh", acquiesce l’opératrice. "Il y a quelques jours, j’ai reçu un mail et par erreur, je l’ai supprimé. Je suis allé dans un magasin d’informatique à Amsterdam pour le récupérer et ils ont dit qu’ils ne pouvaient pas m’aider", raconte-t-il à la personne à l’autre bout du fil. C’est donc la boutique d’Amsterdam qui lui a conseillé de contacter la NSA, une organisation "publique, puissante et fiable qui rassemble tous les courriels", assure-t-il sur un ton volontairement naïf. L’interlocutrice répond qu’elle ne pourra sans doute pas l’aider. "Vous ne surveillez plus les mails des gens ?", interroge Bahram Sadeghi. Même réponse de l’autre côté de l’Atlantique.
Du coup, le journaliste en rajoute une couche. Bahram Sadeghi présente, dit-il, un "intérêt" tout particulier pour les services américains car il est "né en Iran" mais "travaille et vit à Amsterdam depuis 26 ans. J’ai des amis qui travaillent dans les médias". "Essayez de contacter Gmail", lui répond l’interlocutrice. "Vous ne travaillez pas vous-même avec Google ?", s’amuse le journaliste. Réponse embarrassée de l’agent de la NSA : "nous ne pouvons pas vous aider". Le réalisateur ne se démonte pas : "vous n’avez pas une filiale aux Pays-Bas ?". L’interlocutrice finit par lui passer une autre personne qui conclut la conversation téléphonique par un "je ne peux pas vous aider".
Un bouquet de fleurs à l’ambassade de Chine
Cette idée de canular a été élaborée conjointement avec un de ses amis qui l’a vertement incité à donner du relief à son histoire. "Il m’a demandé de dire que c’était un e-mail d’une petite amie qui est partie au Pakistan", a-t-il raconté dans une interview au Washington Post. "Mon histoire est déjà assez compliquée comme ça, moi qui suis Iranien et qui ai une petite amie israélienne", avoue-t-il. Ce journaliste n’en n’est pas à son coup d’essai. En 2010, il avait déposé un bouquet de fleurs à l’ambassade de Chine à La Haye, lors de l’attribution du prix Nobel de la paix au dissident Liu Xiaobo.