François Hollande effectue sa rentrée européenne jeudi à Berlin, où il rencontrera la chancelière allemande Angela Merkel. Et à regarder la densité du menu des discussions, on peut croire que le chef de l'Etat va vite se languir des plages de sa résidence estivale de Brégançon. Croissance en zone euro, Grèce, Espagne, Syrie, diplomatie franco-allemande… Les deux dirigeants européens auront des choses à se dire. Morceaux choisis.
Hollande, "pas un nouveau Mitterrand"
Le pacte de croissance. "A Berlin, François Hollande entend défendre ce qu'il a toujours défendu : mettre en œuvre les décisions du Conseil européen du 28 juin et la nécessité de faire preuve de solidarité et de défendre l'intégrité de la zone euro", a indiqué mercredi Najat Vallaud-Belkacem, la porte-parole du gouvernement français.
Le 28 juin, les pays européen s'étaient mis d'accord pour améliorer le financement de l'économie à hauteur de 120 milliards d'euros pour des "mesures immédiates de croissance". La zone euro s'est également engagée à tout faire pour éviter une hausse brutale des taux d'emprunts des pays en difficulté, comme l'Italie et l'Espagne. Les États se sont, enfin, mis d'accord sur une taxe sur les transactions financières et sur la création d'une union bancaire en Europe.
N'étant pas encore ratifié par tous les parlements des pays signataires, le pacte tarde à être mis en application. La Cour constitutionnelle allemande doit d'ailleurs se prononcer sur sa validité le 12 septembre.
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"La zone euro, ce n'est pas seulement les équilibres budgétaires, nous devons les tenir, mais c'est aussi la croissance", a déclaré pour sa part le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, sur RMC et BFM-TV mercredi. A ses yeux, Angela Merkel et François Hollande doivent réfléchir à "ce qu'on peut faire pour que la croissance soit encore davantage au rendez-vous qu'elle ne l'est".
Les relations franco-allemandes. La rencontre de jeudi intervient dans un climat d'observation entre Paris et Berlin, les avis divergeant en Allemagne sur les premiers mois de la présidence Hollande. Selon un conseiller de la chancellerie, le chef de l'Etat est "plutôt considéré positivement par Angela Merkel" et jugé prudent sur les réformes dans son pays. "Ce n'est pas un nouveau Mitterrand sur sa première année."
Beaucoup plus critique, une autre source estime que "rien ne marche entre l'Allemagne et la France en ce moment. Et d'autres pays de la zone euro commencent à s'inquiéter du fait que l'axe franco-allemand ne fonctionne tout simplement pas."
Dans une interview à paraître jeudi dans Les Echos, le ministre des Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, reconnaît que "chacun des pays de la zone euro a ses contraintes et il ne faut sûrement pas les négliger". L'Allemagne a toujours été un partenaire avec lequel nous pouvons aller au bout de la défense des intérêts européens", ajoute le ministre. "Nous aboutissons toujours à des positions communes qui font avancer l'Europe".
Positions attentistes sur la Grèce
Le cas grec. La rencontre des deux poids lourds européens est au centre d'un ballet diplomatique au cours duquel pourrait être décidé un assouplissement des conditions d'austérité imposées à Athènes pour son sauvetage financier.
La Grèce qui est entrée dans sa cinquième année de récession, doit réaliser 11,5 milliards d'euros d'économies à travers des coupes budgétaires drastiques et des réformes structurelles. Le Premier ministre grec Antonis Samaras voudrait obtenir un sursis de deux ans, renvoyant à 2016 le retour à l'équilibre des comptes publics jusque là prévu pour 2014.
Le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker s'est quant à lui déclaré mercredi à Athènes "totalement opposé à une sortie de l'euro" de la Grèce, tout en fixant comme "priorité" au pays l'assainissement der ses finances. "Je suis totalement opposé à une sortie de la Grèce de la zone euro, cela ne l'aiderait pas et induirait des risques majeurs" pour les autres pays, a-t-il insisté.
Mais l'Allemagne refuse pour l'instant toute renégociation du plan d'aide et s'est bornée à répéter ces dernières semaines qu'elle ne prendrait aucune décision avant la publication d'un rapport de la "Troïka" des créanciers internationaux (UE-FMI-BCE). Ce rapport attendu en septembre évaluera l'avancement des réformes mises en oeuvre dont dépend le versement d'une tranche d'aide supplémentaire de 31,5 milliards d'euros.
La France, où le chef du gouvernement grec sera reçu samedi à l'Elysée, se contente de dire qu'elle attend elle aussi ce document.