Elles ont pris leurs bagages pour un vol vers Istanbul en Turquie. Trois adolescentes britanniques sont soupçonnées par Scotland Yard d'avoir passé la frontière syrienne, mardi, pour rejoindre le groupe Etat islamique. Leur sort a provoqué une large émotion et une crise diplomatique entre Londres et Ankara.
Des ados "normales". Les trois adolescentes, Shamima Begum (15 ans), Kadiza Sultana (16 ans) et Amira Abase (15 ans) sont toutes élèves à la Bethnal Green Academy, dans l'est de Londres. Elles ont quitté la capitale britannique le 17 février, depuis l'aéroport de Gatwick. Des images de vidéosurveillance montrent les jeunes filles, pourtant leurs bagages comme si elles partaient en voyage. Elles avaient quitté leur maison en donnant chacune une bonne raison de s'en aller, comme d'aller passer la journée chez une amie.
Shamima, Kadiza et Amira sont décrites comme des adolescentes modèles, "normales". Toutes sont amies avec une autre jeune fille, partie pour la Syrie au mois de décembre.
Ankara a-t-elle été prévenue à temps ? Leur départ pour Istanbul a suscité de vives tensions diplomatiques. Ankara a accusé mercredi le Royaume-Uni d'avoir tardé à l'informer de leur passage par Istanbul. Le vice-Premier ministre turc Bülent Arinç avait vertement critiqué Londres, lundi soir, pour avoir "laissé ces trois jeunes filles quitter tranquillement l'aéroport d'Heathrow pour aller à Istanbul" et d'en avoir averti la Turquie "seulement trois jours plus tard". "Nous continuons à les rechercher activement à cet instant. Il est évident que la Turquie ne peut pas être tenue responsable" de la situation, a jugé le vice-Premier ministre. "Nous avons accueilli l'an dernier 36 millions de touristes, il faut donc que nous ayons des informations des pays d'origine. Nous n'avons pas reçu ces informations précises de la part de la Grande-Bretagne et de son célèbre Scotland Yard", a-t-il regretté, ironique. La police britannique affirme de son côté avoir contacté "l'officier de liaison de l'ambassade de Turquie à Londres mercredi 18 février", soit le lendemain du départ des jeunes filles.
Trop tard pour les empêcher de passer en Syrie. Il est désormais trop tard pour mettre la main sur les trois adolescentes. "Les inspecteurs de l'unité de contre-terrorisme en charge de l'enquête sur la disparition des trois écolières de l'est de Londres ont désormais des raisons de penser qu'elles ne se trouvent plus en Turquie et qu'elles ont franchi la frontière syrienne", a annoncé un porte-parole de la police britannique. Selon la BBC, les trois jeunes filles âgées d'entre 15 et 16 ans seraient passées en Syrie il y a quatre ou cinq jours déjà.
La Turquie constitue le principal point d'entrée vers la Syrie des milliers d'apprentis djihadistes venus du monde entier, notamment d'Europe, avec l'intention de rejoindre le groupe Etat islamique sur le territoire syrien.