Le président Hosni Moubarak a gouverné l'Egypte sans partage pendant trois décennies avant d'être chassé du pouvoir le 11 février par une révolte populaire. Cet homme de 82 ans, qui avait érigé la stabilité de son régime autoritaire en dogme, a dû capituler face à un mouvement lancé le 25 janvier pour dénoncer les maux de son règne : chômage, pauvreté, corruption, libertés étouffées, violences policières.
Un héros de guerre
Né en 1928, Hosni Moubarak est entré à l’Académie militaire égyptienne juste après le lycée. Major de promotion en sciences de l’aviation, il sort en héros de la guerre avec l’Israël de 1967 à 1972, puis de la guerre du Kippour, en 1973. C’est alors qu’il devient, dès 1975, vice-président de la République, puis vice-président du Parti national démocratique, en 1978.
Le successeur de Sadate
Auréolé de ses exploits militaires, Hosni Moubarak se présente à l’élection présidentielle égyptienne anticipée en 1981, après l’assassinat par des islamistes d’Anouar el-Sadate. Il sera réélu en 1987, en 1993, en 1999 et en 2005, toujours à plus de 80%. Cette dernière élection, censée être pluraliste, a été largement contestée, aucun concurrent ne s’étant présenté, par peur des représailles.
Regardez ce reportage réalisé en 1981 :
L’usure du pouvoir
Très populaire et considéré comme le leader du monde arabe pendant ses premiers mandats, Moubarak est réformateur à ses débuts. Il libère des prisonniers politiques, assouplit le régime des chrétiens d’Egypte et conserve l’avantageux statut des femmes imaginé par l’épouse de Sadate.
Mais peu à peu, à partir des années 1990, il perd de sa suprématie. Les performances économiques ne sont pas jugées suffisantes et Moubarak est vite critiqué pour ses dépenses publiques excessives. Une situation qui ne s’améliore pas dans les années 2000, avec un taux de chômage élevé et une grande misère. De plus, son régime, devenu très dur, officiellement pour lutter contre les islamistes, ne cède rien face aux demandes de réformes de la population.
Des prises de position impopulaires
En tant que chef de l’Etat égyptien, Moubarak a régulièrement été impliqué dans les négociations entre Israéliens et Palestiniens. Au fil des années, les milieux religieux musulmans ont été nombreux à l’accuser d’avoir une position pro-israélienne.
Lorsqu’en janvier 2010, il fait construire une barrière métallique souterraine, dans le but de réduire l’acheminement de produits de contrebande entre l’Egypte et la bande de Gaza, cette initiative est interprétée comme un complot orchestré par les Etats-Unis et l’Israël.
Années 2000 et corruption
Le comportement des fils d’Hosni Moubarak a aussi largement terni son image. Au début des années 2000, son fils Alaa est impliqué dans une vaste affaire de corruption de marchés publics.
Plus récemment, c’est son autre fils, Gamal, qui s’attire la méfiance du peuple égyptien. Son ascension au sein du parti au pouvoir alimente l'idée selon laquelle son père le préparerait à prendre sa succession.
Surpris par des manifestations sans précédent, Hosni Moubarak a limogé son gouvernement et promis de ne pas se présenter à un sixième mandat à l’automne. Pendant que les Etats-Unis discutent avec des responsables égyptiens des modalités d'un départ immédiat de Moubarak, lui refuse de démissionner, tout en confiant à des journalistes qu’"après 62 ans dans la fonction publique", il "en a assez" et "voudrait partir". Celui qui a assuré vouloir "mourir en Egypte", pays pour lequel il "a fait la guerre", n'a pu résister à la colère de la rue.
Regardez le annoncer qu’il quittera le pouvoir :