Barack Obama a annoncé lundi qu’il se présenterait à la prochaine élection présidentielle qui doit se tenir en novembre 2012. Retour sur une candidature attendue et savamment planifiée.
Est-ce une surprise ? Pas vraiment. Le président américain s’inscrit en fait dans une vieille tradition à la Maison-Blanche. Seul Lyndon Johnson, qui avait assuré l’intérim en 1963 après le mort de JFK, ne s’est pas représenté à la fin de son mandat. L’annonce faite par Barack Obama n’aura donc étonné personne, d’autant plus que le président américain avait annoncé, quelques jours après son investiture que son plan de relance s’inscrivait, non pas sur quatre, mais sur huit voire dix ans.
L'homme qui pourrait valoir 1 milliard
Pourquoi partir si tôt ? Si Barack Obama a choisi d’annoncer sa candidature si tôt - l’élection n’est qu’en novembre 2012 - c’est qu’il dispose ainsi de temps pour récolter un maximum de fonds pour financer sa campagne. "Obama va faire une campagne participative comme lors de sa première course à la présidence", explique François Durpaire, spécialiste des Etats-Unis. "Plus tôt il partira en campagne, plus il récoltera d’argent", ajoute-t-il. Et l’équipe électorale du président américain compte bien décrocher le jackpot en tablant sur 750 millions à un milliard de dollars de contributions, selon le site d’information Politico.
Mais est-ce le bon timing ? Barack Obama a annoncé sa candidature à un moment où l’opinion lui est plutôt favorable. Bien que sa cote de popularité ne soit pas au top, elle demeure néanmoins stable depuis quelques semaines.De plus, la Maison-Blanche a annoncé vendredi les derniers chiffres économiques, avec un taux de chômage revenu à son plus bas niveau depuis deux ans.Par ailleurs, les sondages révèlent une opinion divisée sur l'actuel président. Une synthèse effectuée par Real Clear Politics le crédite de 47,4% d'opinions favorables contre 46,6% d'opinions défavorables. Mais les enquêtes indiquent aussi qu'à ce stade, Obama aborderait la campagne en favori face au candidat républicain.
Bonnes mesures, bonne image
Comment va-t-il faire campagne ? Barack Obama ne dérogera pas à sa réputation de pro de la communication. C'est sur son site web que le président américain a annoncé sa candidature, dans la lignée de sa précédente campagne. Dès 2008, la président américain s'est inscrit comme un candidat du web n'hésitant pas à travailler son image sur les réseaux sociaux tels que Facebook ( plus de 18 millions de fans de sa page ). Le président américain a également créé son propre réseau social, MyBarackObama.com. Autre arme de taille pour Barack Obama, son équipe. Basée dans son fief politique de Chicago, elle est composée de "poids lourds" de l'équipe qui avait mené le démocrate aux marches du pouvoir. Ils ont récemment quitté la Maison Blanche pour rejoindre la structure de Chicago et se mettre au travail.
Sur quel bilan va-t-il s’appuyer ? Barack Obama part en course pour la présidence sur un bilan assez positif bien que contrasté : un plan de relance qui a permis à l’économie de redémarrer - les Etats-Unis affichent une croissance de 3,5% - et une réforme de la santé attendue. " Il s’agit de la réforme la plus importante depuis celle de 1965 sur la Sécurité sociale conduite par Lyndon Johnson", estime François Durpaire, "même si la réforme n’a pas forcément été vue d’un bon œil par les Américains", ajoute-t-il. Seuls points noirs à son actif : le blocage du dialogue sur le conflit israélo-palestinien et l’Afghanistan.
Comment les Etats-Unis d’Obama sont-ils perçus ? Le président américain a clairement redoré le blason des Etats-Unis.La présidence Obama a été marquée par une transformation de la diplomatie à contre-courant de celle prônée par son prédécesseur George Bush. La diplomatie américaine, s’est progressivement écartée de la vieille Europe au profit des pays émergents comme la Chine et le Brésil lors de ces trois dernières années. "Obama a aussi eu pour particularité de se positionner en interlocuteur prônant une gestion multilatérale", analyse François Durpaire, "il a ainsi changé l’image des Etats-Unis dans le monde mettant fin au choc des civilisations", ajoute-t-il.
Illustration phare de ce changement de position, le discours de Barack Obama au Caire en juin 2009, qu’il entame par un "salam aleikoum", sous les applaudissements :
Et en face de lui, qui sera candidat ? Pour le moment c'est l'incertitude qui règne sur le nom de son futur adversaire républicain. Un seul responsable s'est formellement déclaré intéressé, l'ancien gouverneur du Minnesota Tim Pawlenty. L'ex-président de la Chambre, Newt Gingrich, y réfléchit tandis que l'ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney, candidat malheureux face à John McCain en 2008, semble décidé à concourir. "Il faut s'attendre à tout de ce côté-là", assure François Durpaire. "Les républicains se sont beaucoup déportés sur la droite avec le mouvement du Tea Party", ajoute-t-il, soulignant qu'il s'agit aujourd'hui d'une épine dans le pied pour les adversaires d'Obama. Du côté des démocrates, sauf coup de théâtre, aucun adversaire de taille ne devrait contester Barack Obama, dans son propre camp.