Le compte n’y est pas, loin de là. Le Pakistan est touché par la plus grande catastrophe de son histoire - les inondations ont affecté quelque 20 millions de personnes - et pourtant l’ONU peine à obtenir l’aide nécessaire.
Près d'une semaine après leur appel aux dons, les Nations unies n'ont en effet récolté que 32% des 460 millions qu’elles réclament. A titre de comparaison, l'appel à l'aide pour Haïti, dévasté par un séisme sans précédent le 12 janvier, avait été couvert à 90% en moins d'un mois.
Un déficit d’image
Pour les experts, ce manque de générosité des pays et des particuliers vis-à-vis du Pakistan s'explique avant tout par un déficit d’image.
"Les sinistrés sont des mères, des paysans, des enfants. Mais dans le passé, les informations relatives au Pakistan étaient toujours liées aux talibans et au terrorisme", regrette une porte-parole de l'ONG Care International à Genève, Melanie Brooks. Plus directe encore, elle estime nécessaire, face au manque de générosité, d'expliquer aux donateurs que "l'argent ne va pas aller dans les mains des talibans".
Une faible couverture médiatique
Le Pakistan serait également victime d’un manque de médiatisation, selon Jean-François Riffaud, porte-parole de la Croix-Rouge française. "Lisez la presse, regardez la télévision… Depuis huit jours il n’y a quasiment pas d’images sur le Pakistan", explique-t-il mardi matin sur Europe 1.
Résultat : "Nous n’avons récolté que 60 000 euros. Trois jours après l’appel aux dons pour Haïti, nous avions déjà récolté 2 millions d’euros", assène-t-il.
Une catastrophe au cœur des vacances
Enfin, la levée de fonds pour le Pakistan est confrontée à un autre obstacle : les vacances d'été des pays occidentaux limitent la mobilisation de l'opinion publique, selon une porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Elisabeth Byrs.
"Le séisme à Haïti et le tsunami en Asie ont eu lieu aux alentours des fêtes de Noël, lorsque les gens étaient plus à même de partager", conclut-elle.
Au Pakistan, les inondations ont déjà fait environ 1.600 morts selon l'ONU et 3,5 millions d’enfants sont exposés à un risque élevé de maladies liées à l’eau.