C'était le dîner de la dernière chance avant le sommet de la zone euro jeudi. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, rejoints par Jean-Claude Trichet, le patron de la BCE, sont parvenus dans la nuit de mercredi à jeudi à un accord sur la riposte à adopter face à la crise de la dette et sa contagion en Europe.
La chancelière allemande et le président français ont réussi à dégager une "position commune" sur le sauvetage de la Grèce, ont indiqué la présidence française et le porte-parole de Merkel, Steffen Seibert. Ce accord entre Paris et Berlin rend un accord européen plus probable, le couple franco-allemand ayant souvent servi de moteur à la construction européenne. En revanche, aucun détail de cet accord n'a filtré dans les médias français et allemands.
"Une obligation de résultat"
Pourtant, une position commune entre Paris et Berlin n'allait pas forcément de soit. Si mercredi Angela Merkel s'était déclarée "très confiante" dans le fait de parvenir à une position commune, la veille, la chancelière avait averti qu'il ne fallait pas s'attendre à "une avancée spectaculaire". Pour Angela Merkel, la France et l'Allemagne devaient surtout trouver une solution sur l'implication des banques au second plan d'aide à la Grèce, un point sur lequel butent les tractations depuis des semaines.
L'Allemagne a redit mercredi que cette exigence était "éminemment importante". Sans cela, le gouvernement allemand craint de ne pouvoir faire accepter de nouveaux prêts à son Parlement et à son opinion publique. Mais ses modalités divisent profondément les Européens, et notamment Paris et Berlin, a reconnu le ministre français de l'Economie François Baroin : l'Allemagne veut faire payer les banques, la France souhaite rallonger les délais de remboursement de la Grèce.
La BCE ne veut pas de défaut partiel de la Grèce
L'économiste en chef de la BCE, Jürgen Stark, est venu rappeler mercredi l'opposition de l'institution à toute solution qui s'apparenterait à un défaut de paiement d'Athènes, même partiel. Mais il a confirmé que, tant qu'à impliquer les créanciers privés, le rachat d'une partie de la dette grecque en circulation aurait les faveurs de la BCE.
Le Fonds monétaire international a de son côté annoncé que sa nouvelle directrice générale, la Française Christine Lagarde, assisterait au sommet européen. Il a d'ores et déjà recommandé aux dirigeants de la zone euro de renflouer le fonds de sauvetage de la zone euro - le Fonds européen de stabilité financière (FESF) - et de lui permettre d'acheter des obligations souveraines sur le marché secondaire. Mais ces deux mesures nécessiteraient une modification des règles du FESF et la ratification des parlements nationaux, et pourraient donc se heurter à l'opposition de l'Allemagne, des Pays-Bas et de la Finlande.