L'info. Un Français fait donc bien partie des bourreaux de l'organisation Etat islamique*. Des "indices circonstanciés confirment l'implication d'un Français dans la décapitation de prisonniers syriens montrée dans une vidéo du groupe Etat islamique diffusée dimanche", a annoncé lundi le parquet de Paris.
Il s'agirait d'un jeune homme de 22 ans, originaire de Normandie, qui aurait été reconnu par ses proches sur la vidéo diffusée dimanche, montrant l'assassinat de l'Américain Peter Kassig et de 18 soldats syriens.
Dans la matinée, le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, avait évoqué une "très forte probabilité qu'un ressortissant Français ait pu participer directement" à l'exécution des prisonniers syriens. Il "pourrait s'agir de Maxime H., né en 1992, originaire d'une localité du département de l'Eure et parti en Syrie en août 2013 après un séjour en Mauritanie effectué en 2012", a affirmé le ministre, s'appuyant sur l'analyse de la vidéo
Sa famille l'aurait reconnu. Celui qui se fait appeler dans les vidéos de propagande "Abdou Abdallah Al Faransi" se nomme donc en réalité Maxime. Sur la vidéo mettant en scène l'exécution d'un des 18 soldats syriens, sa famille aurait formellement reconnu son visage, mais aussi son regard perçant et déterminé.
Le journaliste David Thomson, auteur du livre Les Français jihadistes, a publié une photo du jeune homme :
Il s'agit de Abu Abdallah al Faransi, Maxime de son vrai prénom, converti, originaire de Normandie pic.twitter.com/kw4OhVnjIt— David Thomson (@_DavidThomson) 16 Novembre 2014
Désolation dans son village normand. Ce Français, suspecté d'être devenu un bourreau, aurait grandi dans le village de Bosc-Roger-en-Roumois, au sud de Rouen. L'un des adjoints au maire, Franck Tannion, interrogé par Europe 1, dit ne pas comprendre ce changement. "Cette escalade dans la radicalisation est incroyable. Avoir un enfant de notre village qui ait une vision aussi radicale de l'islam, qui puisse participer à l'exécution d'un autre être humain, c'est ultra choquant", explique l'adjoint au maire.
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Un autre Français parmi les bourreaux ? "Des vérifications sont en cours" pour déterminer si un deuxième Français, originaire d'une grande ville de province, pourrait également figurer parmi les bourreaux, a déclaré une source proche des services de renseignements. Les services spécialisés sont convaincus de la participation de Français à des atrocités commises par l'organisation Etat islamique ou d'autres groupes djihadistes. C'est notamment le cas pour un homme actuellement détenu, qui a confessé avoir pris part à des exactions, après son retour en France, a indiqué une source proche du dossier.
Un Britannique aurait été reconnu. En Angleterre, un homme a indiqué dans le Daily Mail, sans pour autant en être tout à fait certain, avoir reconnu son fils dans cette vidéo. "Je ne peux pas être certain mais il ressemble à mon fils", déclare Ahmed Muthana, 57 ans, à propos d'un des combattants de l'EI, apparaissant visage découvert. Il s'agirait de Nasser Muthana, un étudiant en médecine de 20 ans originaire de Cardiff. Ce dernier aurait été rejoint en Syrie par son jeune frère Aseel, 17 ans, selon la BBC. "Je suis prêt à mourir", avait déclaré Aseel dans une interview en ligne avec la radio anglaise
*Nous avons choisi cette dénomination pour bien faire la distinction entre l'Etat islamique autoproclamé, non reconnu en tant que tel, et d'autres Etats qui bénéficient de toutes les caractéristiques nécessaires pour prétendre à ce statut.